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Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

 

 

 

Voir : el ashâ’ira fî mîzân ahl e-sunna (p. 579-584) de Faïsal el Jâsim.

 

L’Imam Mâlik aurait été interrogé sur l’attribut du « nuzûl » (le fait qu’Allah descend au premier ciel). Il aurait dit en réponse : « C’est Son ordre qui descend toute les nuits avant l’aube. Quant à Lui (U), Il est permanent ; Il ne disparait et ne se déplace jamais (I). »

 

L’analyse technique de cette annale :[1]

 

A- La chaine narrative :

 

Cette annale est rapporté par Habîb qui est le scribe de Mâlik, au sujet duquel Abû Dâwûd fustige : « C’était l’un des plus grands menteurs. » Puis, il renchérit : « Tous les hadîthqu’il rapporte sont forgés. »

Ibn Hibbân, pour sa part, affirme : « Il rapporte des savants crédibles des annales purement inventés. »[2]

 

Ibn ‘Adî n’y va pas non plus de mains mortes : « La plupart des hadîthde Habîb sont inventés au niveau du texte et ont des chaines narratives inversées. Sans aucun scrupule, il impute des hadîth à des rapporteurs crédibles. Il est clair qu’il compte parmi les menteurs ! »[3]

 

Quoi que cette annale soit rapportée par une autre voie que recense ibn ‘Abd el Barr dans e-tamhîd ; selon Mohammed ibn ‘Alî el Jabbulî, selon Jâmi’ ibn Sawâda, selon Mutarrif, on a interrogé Mâlik au sujet du hadîth dunuzûl. Ce dernier a répondu : « C’est Son ordre qui descend. »[4]

 

Or, cette chaine narrative est ténébreuse. El Khatîb dénonce Mohammed ibn ‘Alî el Jabbulî en ces termes : « Il est dit qu’il était un grand adepte du râfizhisme. »[5]

 

Quant à Jâmi’ ibn Sawâda, c’est tout simplement un inconnu. E-Dâraqutnî rapporte selon ce dernier, une annale dans les gharâib Mâlik (les annales singulières de l’Imam), avant de conclure : « Ce hadîth est complètement faux, le fameux Jâmi’ est faible. »[6]

 

Ibn el Jawzî fait également état de son cas dans son recueil el mawdhu’ât, juste après le hadîth qui parle de réunir deux épouses : « Il est purement inventé. Et ce fameux Jâmi’ est inconnu. »[7]

 

B- l’analyse du texte :

 

Cette annale n’est pas conforme au discours « officiel » de l’Imam Mâlik au sujet des Attributs divins, et disant, conformément aux anciens, qu’il faille les laisser comme ils sont au sens littéral, sans les interpréter d’une quelconque façon.

 

El Walîd ibn Muslim nous fait le témoignage suivant : « j’ai interrogé el Awzâ’î, Sufiân e-Thawrî, Mâlik ibn Anas, et e-Laïth ibn Sa’d au sujet des hadîth qui parle de la vision d’Allah, le Jour de la Résurrection. Ils m’ont tous répondu qu’il fallait les laisser comme ils sont au sens littéral, sans chercher à faire de description. »[8]

 

Il y a également la fameuse annale où l’Imam déclare : « L’istiwâ n’est pas inconnu, et le comment est inconcevable. »[9]

 

En outre, dans son recueil usûl e-sunna, ibn Abû Zamanaïn explique au niveau du chapitre, bâb el îmân bi e-nuzûl : « Les traditionalistes disent notamment qu’Allah descend au premier ciel. Ils y donnent foi sans chercher à y établir des limites. » Il a ensuite évoqué le hadîth sur le sujet qui est notamment rapporté par Mâlik. Puis, il enchaine : « D’après Wahb, selon ibn Wadhdhâh, selon e-Zuhrî, selon ibn ‘Abbâd : les Sheïkh que j’ai pu rencontrés comme Mâlik, Sufiân, Fudhaïl ibn ‘Iyâdh, ‘Îsâ ibn el Mubârak, et Wakî’, tous disaient que le nuzûl est vrai. »[10]

 

Ainsi, certains contemporains inversent les rôles en faisant passer certaines annales purement inventées, comme nous l’avons vu, et que ne rapportent aucun de ses élèves les plus crédibles dans leurs écrits, pour l’opinion « officielle » de l’Imam. Elle n’est donc pas aussi notoire qu’elle en a l’air. En même temps, ils mettent de côté, son opinion la plus répandue dans les milieux scientifiques. Seuls, l’évoquent certains savants des générations plus récentes qui adhéraient à l’interprétation des Attributs. Nos contemporains s’accrochent à de fausses annales qui vont pourtant à l’encontre de la tendance des premiers musulmans que recensent les ouvrages de référence, wa Allah el musta’ân !

 

Un indice de taille qui dévoile la fausseté de cette annale, c’est qu’elle ne se trouve nulle part dans les ouvrages de références des anciens, comme nous venons de le souligner, mais aussi dans les écrits malikites qui recensent toutes les opinions de l’Imam, à l’exemple d’el Mudawwana. Mieux, les ouvrages consacrés à la ‘aqîda de l’Imam, comme la fameuse risâla d’Abû Zaïd el Qaïrawânî, n’en font même pas mention, wa ‘alâ Allah e-tuklân !

 

Traduit par :

Karim Zentici

   


 

[1]Voir : el ashâ’ira fî mîzân ahl e-sunna (p. 579-584) de Faïsal el Jâsim.

 

[2]Mîzân el i’tidâl (1/452).

 

[3]El kâmil fî dhu’afâ e-rijâl (2/414).

 

[4]e-tamhîd (7/143).

 

[5]Târîkh Baghdâd (3/101), Mîzân el i’tidâl (3/675), lîsân el Mîzân (5/303).

 

[6]Mîzân el i’tidâl (1/387), lîsân el Mîzân (2/93).

 

[7]Kashf el hathîth d’ibn Sabt ibn el ‘Ajmî (p. 83).

 

[8]Rapporté par el Âjurrî (p. 337), ibn Battâ (3/241), el Baïhaqî dans el asmâ wa e-sifât (p. 569), ibn ‘Abd el Barr dansel istidhkâr (2/513), etc.

 

[9]Rapporté notamment par el Baïhaqî dans el asmâ wa e-sifât (p. 515).

 

[10]Usûl e-sunna d’ibn Abû Zamanaïn.

L’IMAM MÂLIK ET LE TA-WÎL

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