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Khalid Chraibi : Economiste (U. de Paris, France, et U. de Pittsburgh, USA), a occupé des fonctions de consultant économique à Washington D.C., puis de responsable à la Banque Mondiale, avant de se spécialiser dans le montage de nouveaux projets dans son pays est l’auteur de deux articles mis en ligne par le site Oumma.com : 1er Muharram calendrier lunaire ou Islamique ? (15/06/06) et La problématique du calendrier islamique (2/02/2007).

Vif défenseur du calendrier lunaire universel, il souligne notamment dans son premier article : « Quant au hadith du Prophète selon lequel les bédouins ne savent ni lire ni compter, et doivent donc éviter d’utiliser le calcul (astronomique), Ibn Taymiya observe que l’argument pouvait être fondé au début du 7è s. mais conteste qu’il puisse encore s’appliquer aux musulmans des siècles plus tard, après qu’ils aient été à l’avant-garde du développement de la connaissance scientifique, y compris en astronomie, pendant des siècles. Il souligne que les musulmans n’auraient pas de quoi s’enorgueillir s’ils étaient restés illettrés. »[1]

 

La question qui se pose d’elle-même, est la suivante : quand le Prophète (r) prescrit d’observer la lune pour déterminer le début et la fin du mois du Ramadhan, est-ce une prescription temporelle qui s’adresse à de « vulgaires » bédouins,[2] ou bien a-t-il posé les fondements d’une règle scientifique et astronomique immuable ? C’est cette question à laquelle Sheïkh el Islam ibn Taïmiya se propose de répondre à travers une longue analyse [voir : Majmû’ el Fatâwa (25/146-183)] :

 

Nul doute que certains rites à l’image du Ramadhan sont liés à la nouvelle lune. Cependant, la seule façon de la déterminer, c’est par la vue comme en conviennent tant les preuves textuelles que rationnelles.

 

Les preuves textuelles : selon ‘Omar (t), le Prophète (r) a déclaré : « Nous sommes une nation illettrée ; nous ne savons ni lire ni compter : [en montrant ses dix doigts, il s’est ensuite exclamé] : un mois correspond à tant plus tant plus tant de jours, en ramenant le pouce au cours de la troisième fois [pour dire vingt neuf jours], et tant plus tant plus tant plus tant de jours. » autrement dit trente jours. D’après Ahmed également, selon Nâfi’, selon ibn ‘Omar, le Messager d’Allah (r) a dit : « Un mois compte vingt neuf jours ; ne jeûnez pas avant de voir la nouvelle lune et ne terminez pas le jeûne avant de voir la lune suivante. Si le ciel est couvert, alors évaluez-la. » Selon Nâfi’, ce Même ‘Abd Allah envoyait quelqu’un observer la lune le 29 Sha’bân. Si ce dernier voyait la nouvelle lune, tout allait bien mais s’il ne voyait rien et qu’aucun nuage ou brouillard ne faisait rempart au ciel, il ne commençait pas le jeûne. Si des nuages ou le brouillard lui empêchaient de voir le ciel, il commençait le jeûne le lendemain. Ainsi, ibn ‘Omar ne se tournait pas vers le calcul. Selon Abû Huraïra (t), le Messager d’Allah (r) a précisé au sujet de la nouvelle lune de Shawwâl : « Si vous la voyez alors cessez le jeûne mais s’il y a des nuages, alors jeûnez trente jours. » La version d’el Bukhârî précise : « Finissez les trente jours. »

 

Tous ces Hadith communément reconnus mettent en lumière plusieurs éléments dont notamment :

 

Le Prophète (r) fait la description de la communauté musulmane. Nation médiane entre les autres nations, celle-ci a la caractéristique d’être illettrée et de ne pas lire ni écrire. Vouloir se distinguer de cette caractéristique, c’est sortir de ses limites et de ses principes. Les arabes étaient des illettrés avant l’avènement de l’Islam comme le confirme le Verset : (Il est celui qui a envoyé aux illettrés un Messager issu d’eux). Cela ne signifie pas cependant qu’ils ne maitrisaient ni le calcul ni l’écriture. Bon nombre de Compagnons en effet retranscrivaient le Coran, établissaient les pactes, rédigeaient les courriers du Prophètes (r) adressés aux rois de la terre et aux chefs de clans, se spécialisaient dans les sciences de l’héritage, et récoltaient la Zakât. Allah (I) enjoint même dans le Coran : (afin que vous connaissiez le nombre d’années et le calcul). En fait, le terme « illettré » (Ummî) provient de « Umma » qui a le sens de « commun des gens ». Un Ummî est donc quelqu’un qui ne se distingue pas de la masse des gens par une particularité telle que la lecture et l’écriture. Une autre hypothèse avance que « Ummî » proviendrait de « Umm » signifiant mère. Autrement dit un Ummî serait une personne restée à l’état primaire et qui s’en tiendrait à l’éducation maternelle, etc.

 

Cette particularité qui permet de sortir de la « masse » est tantôt une qualité parfaite en elle-même comme le fait de lire le Coran et d’en comprendre le sens, tantôt elle est un moyen qui permet de tendre vers cette perfection comme le fait d’apprendre à lire et à écrire. Elle est donc laudative quand elle est utilisée à bonne escient et péjorative quand elle est utilisée à mauvais escient ou quand elle ne permet pas de mettre le Coran en pratique. Par contre, étant un moyen, il est plus méritoire d’avoir de meilleurs résultats tout en pouvant s’en passer. Auquel cas, il est même bien plus pertinent de s’en passer. Les arabes furent le premier réceptacle du message de la nouvelle religion. Ils ont ensuite portés ses enseignements, dictés dans leur langue originelle, aux autres nations. Contrairement aux juifs et aux chrétiens, ils n’étaient pas détenteur d’un Livre révélé. Ils ne maitrisaient pas non plus le savoir déductif propre aux sabéens. Cependant, leur nature était saine, ils étaient ainsi une terre bien plus fertile que quiconque, mais personne ne leur avait ouvert le chemin du savoir. Ils jouissaient certes d’un patrimoine culturel élémentaire comme la connaissance du Créateur, des vertus, des étoiles, de la lignée, et de la poésie. Cette culture ne les permettait pas cependant de se distinguer des autres nations. Avec l’avènement de l’Islam, ils devinrent les détenteurs d’un Livre et ils n’étaient plus des illettrés dans le sens péjoratif du terme, alors qu’auparavant ils étaient illettrés à tous les niveaux.

 

Ainsi apprendre à lire et à écrire est un moyen de parvenir à la perfection de lire le Coran et de le mettre en pratique. Sans cela, la personne accuse un manque. Si par contre il est possible de s’en passer pour obtenir les mêmes résultats, c’est encore plus méritoire, étant donné que cet enseignement est un moyen de s’épanouir sans constituer pour autant la perfection en lui-même. Tel est le cas de notre Prophète (r). Ce dernier n’est pas illettré dans le sens où il ne garde pas le Coran dans sa poitrine, il était cependant Umm

 

 


 

[1] L’auteur ne fait pas mention de la référence en question, mais il est possible qu’elle provienne du Texte que nous proposons.

 

[2] Faut-il compter parmi ses bédouins : Abû Bakr, ‘Omar, ‘Othmân, ‘Ali, et le reste des Muhâjirîns, ainsi que lesAnsârs ?

IBN TAÏMIYA ET LE CALENDRIER ASTRONOMIQUE (1/2)

IBN TAÏMIYA ET LE CALENDRIER ASTRONOMIQUE (2/2)

Pour le moins téméraire, l’auteur avance dans son deuxième article : « Le Coran n’interdit pas l’usage du calcul astronomique. Cependant, au temps de la Révélation, quand les Bédouins interrogèrent le Prophète sur la procédure à suivre pour déterminer le début et la fin du mois de jeûne, il leur recommanda de commencer le jeûne du mois du ramadan avec l’observation de la naissance de la nouvelle lune [au soir du 29è j du mois] et d’arrêter le jeûne avec la naissance de la nouvelle lune (du mois de shawal). « Si le croissant n’est pas visible (à cause des nuages) comptez jusqu’à 30 j. ».

 Sheïkh el Islam ibn Taïmiya poursuit donc son analyse en disant [voir : Majmû’ el Fatâwa(25/183-189)] :

 

Les preuves rationnelles : les grands spécialistes astronomes sont unanimes à dire qu’il n’est pas possible d’annoncer de façon formelle la nouvelle lune sans risque d’erreur. Leurs prévisions peuvent s’avérer exactes comme elles peuvent s’avérer fausses. Le calcul est uniquement capable de déterminer l’apparition et l’évolution du soleil et de la lune, et de savoir à quel moment du jour ou de la nuit, ces deux astres vont-ils s’aligner au niveau de telle constellation, et qui correspond avec l’alignement de tel endroit sur la terre. Cet alignement a lieu entre la période de la disparition de la lune et celle de la pleine lune. La lune en effet connaît au cours du mois vingt huit « positions » différentes établies par Allah.  Elle se rapproche ensuite du soleil pour disparaître une ou deux nuits, en raison de son alignement avec le soleil. Dès que la lune passe en-dessous du soleil, Allah lui donne de la lumière qui va en grandissant au fur et à mesure que la lune s’éloigne du soleil, jusqu’à remplir cette astre au milieu du mois. Puis, les croissants de lune diminuent à fur et à mesure qu’elle se rapproche du soleil dans la deuxième partie du mois, jusqu’à un point de rencontre. C’est pourquoi, les astronomes parlent de « rencontre » et de « séparation » entre la lune et le soleil. Cependant, ils sont incapables de déterminer à quel moment apparaît la nouvelle lune lors du déclanchement de la « séparation ». Ils se contentent de dire que le point de rencontre culminant a lieu au moment de la disparition de la lune tandis que le point de séparation culminant a lieu au moment de la pleine lune.

 

Les astronomes sont donc capables de déterminer avec exactitude la disparition de la lune lors de sa « rencontre » avec le soleil et la pleine lune lors de leur « séparation ». Par contre, il ne leur est pas possible de déterminer par calcul l’apparition de la nouvelle lune contrairement à l’éclipse de lune ou à l’éclipse de soleil dont il est possible de prévoir la période. Selon une loi universelle en effet, le soleil s’éclipse uniquement au moment de la rencontre culminante entre le soleil et la lune, lorsque la lune s’interpose entre le soleil et la terre selon un alignement bien précis et donc facilement calculable. Pareillement, l’éclipse de lune a lieu la nuit de pleine lune au moment culminant de la « séparation », lorsque la terre s’interpose entre la lune et le soleil. Il est donc aussi facile pour celui qui fait des bons calculs de prévoir une éclipse que de savoir qu’au bout de la trente et unième nuit du mois, la nouvelle lune doit apparaître. Les calculs par contre restent très flous, lorsqu’il s’agit de la trentième nuit. Avec des bons calculs, l’astronome peut au mieux savoir à quel moment la lune et le soleil se rencontrent à leur point culminant. Il peut en outre savoir qu’au coucher du soleil, la « séparation » aura déjà été entamée de plus ou moins dix degrés par exemple ; un degré correspondant à une unité faisant partie des trois cents soixante degrés de l’orbite céleste que les astronomes ont divisé en douze partie ; chaque constellation ayant douze degrés. La seule chose qu’ils sont capables de savoir, c’est d’évaluer les distances entre les deux astres à un moment donné, qui correspond à un endroit précis de la terre. Quand à la nouvelle lune, il est possible de la constater uniquement par la vue qui est un outil naturel, non par le calcul et les mathématiques. Ils assument tout au plus que l’observation permet de souligner à partir de tel degré il est possible ou impossible de visionner la lune, ce qui est une erreur foncière ! Ce cycle en effet, ne respecte pas un ordre précis et immuable. À vingt degrés certes, il est possible de voir la lune si rien ne l’empêche et à un degré il est impossible de la voir. Néanmoins, autour de dix degré il existe certains paramètres aléatoires pouvant empêcher de la voir, dont notamment :

 

Premièrement : cela dépend de la plus ou moins bonne vue de celui qui observe la lune.

Deuxièmement : cela dépend du nombre d’observateurs car plus leur nombre est grand plus il sera susceptible à l’un d’entre eux de voir la lune.

Troisièmement : cela dépend de l’endroit où est installé l’observateur ; se mettre sur le toit d’une maison ou en haut d’une montagne ce n’est pas comme être installé au cœur d’une vallée ou gêner par des obstacles.

Quatrièmement : cela dépend du moment où l’on choisi l’observation. Au moment du coucher du soleil, la lune est très loin de la terre et plus proche du soleil. Sa lumière est donc infime sans compter que la rougeur du soleil empêche relativement de l’observer. Ensuite, plus la lune descend à l’horion, plus elle s’éloigne du soleil, ce qui offre de meilleures conditions d’observation étant donné que sa lumière commence à prendre de l’ampleur à mesure qu’elle s’éloigne de la lumière du soleil. Si quelqu’un pense ne pas la voir au moment ou après le coucher du soleil, il lui sera possible de la voir plus tard quitte à attendre le moment où elle descend à l’Ouest.

Cinquièmement : le temps doit être pur. Je ne parle pas des nuages, du brouillard, ou de la fumée, mais je parle de certains climats qui sont plus propices que d’autres. Par exemple, le ciel est plus net en hiver après qu’il ait plu sur une terre déserte et sans brume. Par contre, en été, certaines vapeurs qui s’évaporent du sol empêchent de bien voir la lune.

 

Ainsi, tous ses paramètres aléatoires que les calculs ne peuvent considérer, réfutent l’idée selon laquelle il serait obligatoire de voir la lune lorsqu’elle atteint sept, huit, ou neuf degré et qu’il serait impossible de la voir dès qu’elle atteint par exemple neuf ou dix degré. C’est pourquoi, les astronomes ont des avis différents pour fixer à quelle degré correspond le point culminant de la lune, est-ce 9.5, etc. sans compter qu’ils doivent différencier la période d’été et celle d’hiver ; entre la période où le soleil se trouve très haut dans la constellation du nord et celle où il est très bas dans la constellation du sud…

 

Traduit pour Islam.house par :

Karim ZENTICI 

©2015 Tous droits réservés.

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