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Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

 

 

 

Voir : el ashâ’ira fî mîzân ahl e-sunna (p. 633-640) de Faïsal el Jâsim.

 

Dans e-durar el kâmina, au niveau de la biographie d’Ibrahim ibn Mohammed ibn Qaïyim el Jawzîya, on apprend la chose suivante : « Parmi les événements spectaculaires qui a eu lieu dans sa vie, il y a cette dispute déclenchée entre ibn Kathîr et lui sur l’enseignement. Ibn Kathîr lança : « Tu me détestes, car je suis ash’arite !

-               Si tu étais rempli de poils de la tête aux pieds, rétorqua ibn el Qaïyim, personne ne te croira jamais que tu es ash’arite, alors que tu as ibn Taïmiya pour Sheïkh. »[1]

 

Il y a plusieurs remarques à faire ici :

 

Premièrement :ibn Hajar ne précise pas qui lui a rapporté cette histoire.

 

Deuxièmement : dans l’hypothèse où elle aurait une origine, elle ne sous-entend vraiment pas ce qu’on lui prête. Ibn el Qaïyim en effet ne lui a pas concédé sa parole. Il a effectivement mis en avant qu’il pouvait en être ainsi, quand on a ibn Taïmiya pour Sheïkh. Lui dont les fameuses dénonciations de l’ash’arisme, dont le crédo n’est pas confirme au Coran, la sunna, et à la compréhension des anciens, ont fait le tour du monde. Lui, qui, à maintes reprises, fut jeté en prison pour ses idées et qui fut l’objet d’un complot de ses ennemis acharnés, les ash’arites. Est-il concevable que l’un de ses fidèles élèves adhère à la croyance de ses adversaires ?

 

Cet élève qui évoque son maitre en des propos élogieux dans ses fameuses chroniques el bidâya wa e-nihâya. Des éloges du genre : « Notre Sheïkhet grand savant a dit… Notre Sheïkh et grand savant était… le génie de notre époque, le Sheïkh el islâm… j’ai entendu dire Notre Sheïkh, l’érudit (hâfizh) » Ce Sheïkh qu’il élevait au rang d’el Mizzî dans le hadîth.

 

Par ailleurs, ibn Kathîr en sait long sur l’épreuve de Taqî e-Dîn, comme en témoigne ses chroniques où il répertorie en détail, de longs extraits de ses confrontations devant ses bourreaux inquisiteurs. Il fait le journal de l’une de ses plus célèbres affaires, dont son épitre el ‘aqîda el wâsitiya est à l’origine.

 

Voici ce que nous apprend notamment son livre d’histoire : « La première des trois audiences de Sheïkh el islâm : le lundi 8 rajab, les juges et les savants furent reçus au palais, pour se réunir chez le vice-sultan en présence de Taqî e-Dîn. On fit lecture de l’épitre el wâsitiya qui renfermait le crédo du Sheïkh. Certains points furent discutés le jour même, les autres furent ajournés à la séance suivante. Le 12 du même mois, une séance se tint après la prière du vendredi, etc. »[2] L’historiographe explique notamment que son Sheïkh faisait beaucoup d’envieux dans les milieux scientifiques, en raison de la place qu’il concédait auprès des autorités, et de son zèle dans la propagation de la morale ; domaine dans lequel personne n’osait s’aventurer. Il avait gagné le respect et l’admiration des citoyens. Le nombre de ses adeptes augmentait jour après jour. En conclusion à la troisième séance, le Sheïkh fut réhabilité par la cour proclamant son innocence et sa conformité avec le crédo des anciens. Bref, ibn Kathîr était un grand défenseur et admirateur d’ibn Taïmiya. Pouvait-il en être autrement ?

 

Il va sans dire que la ‘aqîda el wâsitiya s’oppose au crédo ash’arisme de fonds en combles. Sans compter qu’on ne fonde pas la croyance d’une grande référence de l’Islam sur des simples histoires. La rigueur scientifique réclame une autre démarche.

 

Ainsi, il suffit d’ouvrir l’un des ouvrages les plus connus de l’exégète, et qui n’est autre que son tafsîr, pour se rendre compte du contraire. Il composa également un livre qui s’intitule el i’tiqâd, et dans lequel il couche sa croyance. Il y est dit mots pour mots : « Quand le Coran et les annales authentiques entérinent l’Ouïe, la Vue, l’œil, le Visage, le Savoir, le Pouvoir, la Magnificence, la Volonté, le dire, la Parole, l’Agrément, la Colère, l’Amour, la Haine, la Joie, le rire (dhahiq), il incombe d’y croire sans chercher à faire aucune ressemblance avec les attributs des créatures.

Il incombe de se limiter à la Parole d’Allah et à celle de Son Messager (r), sans rajouter ni retrancher quoi que ce soit ; sans faire de description, de ressemblance, de falsification, de ni de changement ; sans changer le sens qui était familier aux Arabes et lui donner un autre sens.

Il incombe de ne pas aller au-delà de cela ! »[3]

 

Revenons à son tafsîr dans lequel, il affirme sans détour : « Quant au Verset : [Puis, Il s’est établi sur Son Trône],[4] il existe de nombreuses opinions sur le sujet que nous n’allons pas étaler ici. Cependant, il est important de savoir qu’il faut suivre ici la tendance des Pieux Prédécesseurs comme Mâlik, el Awzâ’î, e-Thawrî, e-Laïth ibn Sa’d, e-Shâfi’î, Ahmed ibn Hanbal, ishâq ibn Râhawaïh, et tant d’autres parmi les grandes références musulmanes de l’ancienne et de la nouvelle époque. Elle consiste à lire les textes comme ils sont venus sans faire de description, d’assimilation, ni de négation.

 

Or, ce qui vient à l’esprit des anthropomorphistes ne peut être attribué à Allah, car aucune de Ses créations ne Lui ressemble : [Rien ne Lui ressemble, et Il est l’Entendant et le Voyant].[5] La réalité est plutôt comme l’établissent les grands imams comme Nu’aïm ibn Hammad el Khuzâ’î, le Sheïkh d’el Bukhârî : « quiconque faire ressembler Allah à Sa création devient mécréant, et quiconque renie ce qu’Allah s’est attribué devient mécréant. Or, rien dans ce qu’Allah s’est attribué ou que Son Messager lui a attribué ne prête au tashbî (connu sous le nom d’anthropomorphisme ndt.) » Ainsi, attribuer à Allah la même chose que les Versets clairs, et les annales authentiques, de la façon qui convient à Sa Majesté ; et en parallèle, de Lui refuser tout défaut, c’est suivre la bonne voie. »[6]

 

Ainsi, conformément aux anciens, ibn Kathîr avait pour principe de laisser le sens littéral aux textes qui parlent des Attributs, sans les toucher à travers le ta-wîl (mauvaise interprétation) ou la falsification. En sachant que cela n’implique nullement de sombrer dans l’anthropomorphisme, comme le dénote le discours de Nu’aïm ibnHammâd, qui rappelons-le était le Sheïkh de… Bukhârî.

 

Par : Karim Zentici

 

Le dernier passage : « Ainsi, attribuer à Allah la même chose que les Versets clairs, et les annales authentiques, de la façon qui convient à Sa Majesté ; et en parallèle, de Lui refuser tout défaut, c’est suivre la bonne voie » montre clairement qu’ibn Kathîr n’avait aucun lien avec l’ash’arisme qui, lui, a recours au ta-wîl lorsqu’il est confronté à ce genre de textes, sous prétexte que leurs sens littéral prêtent à l’anthropomorphisme. Bien au contraire, souligne ibn Kathîr, c’est celui qui se l’imagine qui sombre dans ce triste dilemme : « Or, ce qui vient à l’esprit des anthropomorphistes ne peut être attribué à Allah, car aucune de Ses créations ne Lui ressemble. » Ainsi, les rôles sont inversés.

 

Par ailleurs, lorsque ce dernier dresse la liste des grandes références traditionalistes, il ne prend pas en considération ibn Kullâb, el Qallânisî, el Karrâbî, el Hârith el Mahâsibî, ni d’ailleurs el Ash’arî lui-même, ou ne serait-ce que l’un de ses disciples. Que cela signifie-t-il ?

 

Concernant le tafsîr du Verset : [afin que tu sois élevé sous nos yeux],[7] il donne l’explication suivante : « Selon Abû ‘Imrân el Jawanî, que tu sois éduqué sous l’œil d’Allah. Pour Qatâda, que tu sois nourris sous Mes Yeux. Quant à Ma’mar ibn el Muthanna, il affirme que : [afin que tu sois élevé sous nos yeux], de sorte que Je te vois. »[8] Il reconnait donc l’Attribut du ‘Aïn sans sombrer dans l’interprétation fallacieuse ni la négation des textes.

 

Pour le Verset : [mais il restera le Visage de Ton Seigneur qui détient la Majesté et la Magnificence],[9] il explique : « Ce Verset est du même ordre que : [Toute chose est vouée à la disparation, sauf Son Visage].[10] Dans ce Verset illustre, Allah décrit Son Noble Visage comme détenant : [la Majesté et la Magnificence] ; dans le sens où Il mérite qu’on le respecte et qu’on ne lui désobéisse pas. »[11]

 

Au sujet de : [Quand Ton Seigneur viendra avec les anges qui seront en rangées successives], [12] il dit : « afin de trancher les litiges entre les créatures… et les anges viendront en rangs l’un après l’autre. »[13] Il n’interprète pas la venue d’Allah comme étant la venue de la royauté, de Son ordre, ou de Son châtiment. Cependant, il s’agit d’une venue qui convient au Seigneur. Le tafsîr de l’Imam est rempli d’exemples de ce genre.

 

Or, force est de constater que ceux qui cherchent éperdument à insérer ibn Kathîr dans leurs rangs, sont les mêmes qui s’acharnent à remettre en question tant bien que mal, l’idée que son soutient le mufassir et disant qu’Abû el Hasan el Ash’arî est passé par trois phases. La dernière d’entre elles, étant le retour à la source et à la méthode des anciens sous la façon de se comporter avec les Attributs divins, qui consistent justement à tous les reconnaitre sans distinction, wa Allah el musta’ân !

 

Par : Karim Zentici 

 


 

[1]e-durar el kâmina (1/60).

 

[2]el bidâya wa e-nihâya (14/34-36).

 

[3]Ce livre est encore à l’état de manuscrit ; ce passage fut retranscrit pas l’intermédiaire du livre : ‘alâqa el ithbât wa e-tafwîdh (p. 82) de Ridhâ ibn Nas’ân ibn Mu’tî.

 

[4]El a’râf ; 54

 

[5]La concertation ; 11

 

[6]Tafsîr ibn Kathîr (2/221).

 

[7]Tâ-Hâ ; 39

 

[8] Tafsîr ibn Kathîr (3/148).

 

[9]Le Miséricordieux ; 27

 

[10]Les récits ; 88

 

[11] Tafsîr ibn Kathîr (4/274).

 

[12] L’aube ; 22

 

[13] Tafsîr ibn Kathîr (4/511).

L’IMAM IBN KATHÎR ÉTAIT-IL ASH’ARITE ? (1/2)

L’IMAM IBN KATHÎR ÉTAIT-IL ASH’ARITE ? (1/2)

Voir : el ashâ’ira fî mîzân ahl e-sunna (p. 633-640) de Faïsal el Jâsim.

 

 

Le dernier passage : « Ainsi, attribuer à Allah la même chose que les Versets clairs, et les annales authentiques, de la façon qui convient à Sa Majesté ; et en parallèle, de Lui refuser tout défaut, c’est suivre la bonne voie » montre clairement qu’ibn Kathîr n’avait aucun lien avec l’ash’arisme qui, lui, a recours au ta-wîl lorsqu’il est confronté à ce genre de textes, sous prétexte que leur sens littéral prêtent à l’anthropomorphisme. Bien au contraire, souligne ibn Kathîr, c’est celui qui se l’imagine qui sombre dans ce triste dilemme : « Or, ce qui vient à l’esprit des anthropomorphistes ne peut être attribué à Allah, car aucune de Ses créations ne Lui ressemble. » Ainsi, les rôles sont inversés.

 

Par ailleurs, lorsque ce dernier dresse la liste des grandes références traditionalistes, il ne prend pas en considération ibn Kullâb, el Qallânisî, el Karrâbî, el Hârith el Mahâsibî, ni d’ailleurs el Ash’arî lui-même, ou ne serait-ce que l’un de ses disciples. Que cela signifie-t-il ?

 

Concernant le tafsîr du Verset : [afin que tu sois élevé sous nos yeux],[1] il donne l’explication suivante : « Selon Abû ‘Imrân el Jawanî, que tu sois éduqué sous l’œil d’Allah. Pour Qatâda, que tu sois nourri sous Mes Yeux. Quant à Ma’mar ibn el Muthanna, il affirme que : [afin que tu sois élevé sous nos yeux], de sorte que Je te vois. »[2] Il reconnait donc l’Attribut du ‘Aïn sans sombrer dans l’interprétation fallacieuse ni la négation des textes.

 

Pour le Verset : [mais il restera le Visage de Ton Seigneur qui détient la Majesté et la Magnificence],[3] il explique : « Ce Verset est du même ordre que : [Toute chose est vouée à la disparation, sauf Son Visage].[4] Dans ce Verset illustre, Allah décrit Son Noble Visage comme détenant : [la Majesté et la Magnificence] ; dans le sens où Il mérite qu’on le respecte et qu’on ne lui désobéisse pas. »[5]

 

Au sujet de : [Quand Ton Seigneur viendra avec les anges qui seront en rangées successives], [6] il dit : « afin de trancher les litiges entre les créatures… et les anges viendront en rangs l’un après l’autre. »[7] Il n’interprète pas la venue d’Allah comme étant la venue de la royauté, de Son ordre, ou de Son châtiment. Cependant, il s’agit d’une venue qui convient au Seigneur. Le tafsîr de l’Imam est rempli d’exemples de ce genre.

 

Or, force est de constater que ceux qui cherchent éperdument à insérer ibn Kathîr dans leurs rangs, sont les mêmes qui s’acharnent à remettre en question tant bien que mal, l’idée que soutient le mufassir et disant qu’Abû elHasan el Ash’arî est passé par trois phases. La dernière d’entre elles, étant le retour à la source et à la méthode des anciens  la façon de se comporter avec les Attributs divins, qui consistent justement à tous les reconnaitre sans distinction aucune, wa Allah el musta’ân !

 

Par : Karim Zentici

 

 


 

[1]Tâ-Hâ ; 39

 

[2] Tafsîr ibn Kathîr (3/148).

 

[3]Le Miséricordieux ; 27

 

[4]Les récits ; 88

 

[5] Tafsîr ibn Kathîr (4/274).

 

[6] L’aube ; 22

 

[7] Tafsîr ibn Kathîr (4/511).

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