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D’après el Bukhârî et Muslim, selon Abû Huraïra (رضي الله عنه), le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a déclaré : « Les meilleures œuvres sont la foi en Allah et à Son Messager, puis le Jihâd sur le sentier d’Allah, et le Hadj pieux. »[1] Les trois œuvres cités ici reviennent en fait à deux grands ensemble : la foi en Allah et à Son Messager (qui comprend la foi aux anges, aux Livres, aux Messagers, et au Jour Dernier), et le Jihâd sur le sentier d’Allah. Ces deux principes se retrouvent dans le Verset suivant : (Les croyants sont ceux qui ont foi en Allah et en Son Messager, et qui par la suite ne sont pas pris par le doute ; Ils combattent avec leurs biens et leur personne sur le sentier d’Allah ; tels sont les gens sincères).[2] L’essence de la foi se vérifie au niveau du cœur et les actes – dont le Jihâd représente le summum –, en sont la traduction comme nous l’apprend le Prophète (صلى الله عليه وسلم) : « Il y a un certain organe dans le corps qui, s’il  est sain celui-ci devient sain, et s’il se corrompt celui-ci se corrompt ; il s’agit du cœur. »[3] La foi est ainsi la fonction du cœur tandis que leJihâd est la fonction du corps.

 

 

Or, il existe deux sortes de Jihâd : il y a certes la guerre qui consiste à étendre la religion d’Allah, et de faire découvrir aux hommes le chemin qui les mène au salut, mais il y a aussi l’effort que l’individu entreprend sur lui-même en vue de s’épanouir comme  nous l’apprend le Prophète (صلى الله عليه وسلم) : « Le Mujâhid, c’est celui qui fait des efforts pour Allah. »[4] Le plus grand de ses efforts, c’est de fréquenter les mosquées qui sont consacrées aux différentes adorations. Le Très-Haut révèle à cet effet : (Des maisons qu’Allah a permis d’élever pour y évoquer Son Nom ; Il y est glorifié matin et soir • Des hommes qu’aucun commerce ne distrait de Son Rappel).[5] La première sorte de Jihâd reste la plus illustre comme le démontre le Verset : (Selon vous, celui qui abreuve les pèlerins et qui fréquente la Sainte Mosquée est-il comparable à celui qui a foi en Allah et au Jugement Dernier et qui combat sur le sentier d’Allah ; ils ne se valent pas pour Allah ; Allah ne guide certainement pas la gente injuste • Ceux qui ont foi en Allah et qui combattent sur le sentier d’Allah avec leurs biens et leur personne détiennent un plus haut degré auprès d’Allah ; ceux-là sont les gagnants).[6] Il faut prendrece Verset et le Hadith d’Abû Huraïra précédemment cité dans le sens où le Jihâd surérogatoire est plus méritoire que les autres œuvres surérogatoires dont le pèlerinage peut éventuellement compter. Sinon, il incombe à tout musulman de faire le Hadj au moins une fois dans sa vie.

 

 

Ce même Hadith d’Abû Huraïra nous apprend qu’après le Jihâd, l’action la plus noble consiste à fréquenter les mosquées en général dans lesquelles certaines adorations sont consacrées comme la prière, la lecture du Coran, le rappel, l’I’tikâf (retraire spirituelle), et l’enseignement des sciences. La plus noble mosquée d’entre toutes se trouvent à la Mecque où le pèlerin se rend pour effectuer en particulier la ‘Umra (petit Pèlerinage), le Hadj (grand pèlerinage), et le Tawâf (faire sept tours autour de la Ka’ba). C’est pourquoi, le Hadithspécifie que le Hadj est la meilleure œuvre qui soit après le Jihâd. Dans Son Livre, Allah nous fait les plus belles éloges de la Sainte Mosquée à traves les Versets : (Et quand Nous fîmes de la Maison Sacrée un asile pour les hommes et une terre paisible. Prenez la station d’Ibrahim comme lieu de prière. Nous avons pris sur Ibrahim et Ismâ’îl de purifier Ma Maison pour ceux qui font le Tawâf, l’I’tiqâf, et qui s’inclinent et se prosternent).[7] (La première Maison fondée pour les hommes est celle qui se trouve à Bekka ; bénite et direction pour l’univers • Il y a des signes évidents et la Station d’Ibrahim • Quiconque y entre est en paix).[8]

 

 

Quant à faire vivre les autres mosquées du monde, cela a autant de mérite que de faire sentinelle sur le sentier d’Allah. Selon les paroles du Prophète (صلى الله عليه وسلم), faire les ablutions avec difficulté, multiplier les pas pour se rendre à la mosquée, attendre dans la mosquée entre deux prières, c’est faire la sentinelle (sur le sentier d’Allah) ![9] Quant à se rendre à la Mecque en vue d’y accomplir les différents rituels qui lui sont consacrés, c’est une forme de Jihâd. D’après Sahîh el Bukhârî en effet, ‘Âisha s’est exclamée : « Cher Messager d’Allah ! Nous voyons que le Jihâd est la meilleure œuvre, ne devrions-nous pas alors le faire ?

-Le meilleur Jihâd pour vous (les femmes), c’est de faire un Hadj pieux. »[10]

 

Un autre Hadith nous enseigne : « Le Hadj est le Jihâd pour tous les faibles. »[11] 

 

D’après ‘Abd e-Razzâq, selon ‘Alî ibn el Husaïn à travers un Hadith Mursal,[12] un homme interrogea le Prophète (صلى الله عليه وسلم) au sujet du Jihâd : « Veux-tu que je t’indique un Jihâd où il n’y a pas de difficulté (extrême) ? C’est le Hadj ! »[13] 

 

Le Hadj et la ‘Umra sont une forme de Jihâddans le sens où ces deux rites réclament des efforts physiques et financiers comme le souligne Abû e-Sha’thâ, l’un des grands disciples d’ibn ‘Abbâs : « J’ai considéré les actions pieuses, et j’ai constaté que la prière et le jeûne réclament certains efforts physiques sans demander aucun effort d’argent. Quant au Hadj, ils réclament ces deux efforts à la fois, je me suis alors rendu compte qu’il était plus méritoire. »[14]

 

 

Par ailleurs, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a affirmé : « Le Hadj pieux n’offre d’autre récompense que le Paradis. »[15] Il est certifié également qu’il (صلى الله عليه وسلم) a dit : « Quiconque se rend en pèlerinage au Temple, et qui ne fait aucun mal dans ses paroles et ses actes, se verra enlever ses péchés et sera comme le jour où sa mère le mit au monde. »[16] Ainsi, pour jouir de ces deux mérites (gagner le Paradis, et être purifié de ses péchés), il faut remplir la condition d’effectuer un pieux pèlerinage, qui requiert de réunir deux choses :

 

 

Premièrement : de faire des œuvres pieuses durant ce rite. Le terme « pieux » (Bir) est utilisé dans deux sens :

1- : dans le sens de bienfaisance envers autrui. Dans ce registre, lorsqu’on interrogea le Prophète (صلى الله عليه وسلم) au sujet du « Bir » (que l’on peut traduire dans ce contexte par la vertu ndt.), celui-ci répondit : « C’est d’avoir un bon comportement. »[17] Ibn ‘Omar disait à ce sujet : « La vertu, c’est chose facile, il suffit d’avoir un visage accueillant et des paroles douces. » Le pèlerin a grandement besoin de ces deux provisions, autrement dit il a besoin de bien se comporter avec autrui au niveau des paroles et des actes. On questionna Sa’îd ibn Jubaïr au sujet du meilleur pèlerinage : « C’est de donner à manger aux autres, et de retenir sa langue » expliqua-t-il. Abû Ja’far el Bâqir assume quant à lui, qu’à quoi bon se rendre à la Mecque si on ne s’arme pas de trois choses : de scrupule afin de s’éloigner des péchés, de sagesse afin de contenir sa colère, et des bons compagnons de voyage.

 

 

En un mot, le meilleur des hommes est celui qui est le plus utile aux hommes et qui endurent le plus leurs préjudices. Le Verset suivant brosse le portrait des gens pieux en disant : (Ceux qui dépensent dans l’adversité et dans l’aisance, qui retiennent leur colère, et qui pardonnent aux autres, alors qu’Allah aime les bienfaiteurs).[18] Le pèlerin a en effet besoin de se mélanger avec autrui en sachant qu’il vaut mieux se mélanger aux gens et endurer leur mal que de rester seul. Selon Rabîra, les bonnes mœurs consistent en voyage à faire profiter aux autres de ses provisions, à éviter les querelles avec ses compagnons de route, et à beaucoup plaisanter avec eux sur des choses qui ne déclenchent nullement la Colère divine. Mujâhid pour sa part, nous fait la confidence suivante : « Je suis parti en voyage avec ibn ‘Omar dans le but de le servir, mais c’est lui qui me servait. » Bon nombre d’anciens à l’exemple de ‘Âmir ibn ‘Abd Qaïs et ‘Amr ibn ‘Utba ibn Farqad donnaient comme condition, à leurs compagnons de voyage, de les laisser les servir afin de profiter de la récompense. Cela ne les empêchait nullement de se consacrer à l’adoration de leur côté. Buhaïm el ‘Ijlî a fait route avec un commerçant. C’est lui qui assurait les dépenses du voyage alors qu’il était pauvre et que son compagnon était riche, c’est lui qui servait son compagnon alors qu’il était vieux et que l’autre était jeune, et c’est lui qui faisait à manger alors qu’il jeûnait contrairement à son compagnon. Ibn el Mubârak offrait de la nourriture succulente à ses compagnons de voyage alors qu’il jeûnait. Il leur proposait de rassembler leur argent dans une caisse qu’il fermait à clef. Tout au long du voyage, il consacrait pour eux les plus larges dépenses et au retour il redistribuait à chacun la même somme d’argent qu’il lui avait donné.

    

 

2- la vertu (el Bîr) peut prendre le sens des actes d’adoration en général comme l’exprime le Verset : (Mais la vertu, c’est de croire en Allah et au Jour Dernier, aux anges, au Livre, et aux Prophètes ; c’est de dépenser l’argent qu’on aime aux proches, aux orphelins, aux pauvres, aux voyageurs, aux mendiants, et pour les esclaves).[19] Au demeurant, l’une des plus grandes adorations que l’on doit faire au cours du Hadj, c’est de multiplier l’évocation d’Allah.

 

 

Deuxièmement : Pour que le Hadj soit parfait, il faut éviter les mauvaises actions comme le formule le Verset : (Quiconque se rend au Temple ne doit pas avoir de relation charnelle ni être pervers et ni  faire de querelle pendant le Hadj. Tout bien que vous faites, Allah en est informé, faites dès lors vos provisions, mais la meilleure des provisions que vous pouvez avoir, c'est bien la piété).[20] Au demeurant, la meilleure recommandation que l’on peut faire aux pèlerins le jour du départ, c’est de craindre Allah ! Il doit respecter ses contrats et ses engagements vis-à-vis de ses associés ou autre et noués à l’occasion de ce voyage. Il ne doit pas consacrer de l’argent sale pour ses dépenses. Il ne faut avoir d’autre motivation que de plaire au Seigneur et il incombe de se méfier de toute intention suspecte. Il faut ainsi endurer humblement les difficultés du voyage, car selon Shuraïh, les voyageurs pullulent (sont nombreux) à cette occasion mais peu parmi eux sont de vrais pèlerins.

 

 

Il y a de quoi s’attrister à voir partir ainsi les « invités » du Seigneur ; il est triste en effet de se sentir loin de la « Maison d’Allah » bien qu’il soit plus triste d’être éloigné de Son Créateur !

 

 

Que les prières d’Allah et Son Salut soient sur Mohammed, ainsi que sur ses proches,

et tous ses Compagnons !

 

 

Extraits de : Latâif el Ma’ârif fîmâ el ‘Âm min el Wazhâif d’ibn Rajab.

 

 

Traduit pour Islam.House par :

Karim ZENTICI

     


 

[1] Rapporté par el Bukhârî (26) et Muslim (83).

 

[2] Les appartements ; 15

 

[3] Rapporté par el Bukhârî (52) et Muslim (1599).

 

[4] Rapporté par e-Tirmidhî (1621), selon Fudhâla ibn ‘Ubaïd (t).

 

[5] La lumière ; 36, 37

 

[6] Le repentir ; 19, 20

 

[7] La vache ; 125

 

[8] La famille de ‘Imran ; 96-97

 

[9] Rapporté par Muslim (251).

 

[10] Rapporté par el Bukhârî (1520).

 

[11] Rapporté par Ahmed dans el Musnad (6/394, 303, 314), et ibn Mâja (2902) ; Sheïkh el Albânî l’a mentionné dansSahîh Sunan ibn Mâja (2346), et Sahîh el Jâmi’ e-Saghîr (3171).  

 

[12] C’est un Hadith qu’un Successeur des Compagnons (Tâbi’î) fait remonter directement au Prophète sans passer par ces derniers (N. du T.).

 

[13] Rapporté par ‘Abd e-Azzâq (8809) ; Sheïkh el Albânî l’a mentionné dans Sahîh el Jâmi’ e-Saghîr (2611).

 

[14] Voir Sifat e-Safwa (3/237).

 

[15] Rapporté par el Bukhârî et Muslim.

 

[16] Rapporté par Ahmed dans el Musnad (2/229, 410, 484, 494).

 

[17] Rapporté par Muslim (2553).

 

[18] La famille de ‘Imrân ; 134

 

[19] La vache ; 177

 

[20] La vache ; 197

La saison du Hadj

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