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Au nom d’Allah, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

 

 

 

 

 

La question suivante fut posée à Sheïkh el ‘Uthaïmîn : « Que pensez-vous de ceux qui vont jusqu’à vous kaffar ? » Il a dit en réponse (qu’Allah lui offre le plus haut des Paradis) : « Je déclare que je renie le taghût et que je crois en Allah. J’implore à Allah de guider l’auteur d’une telle parole et de le ramener à la vérité ! »

 

 

Voici une analyse fructueuse sur le kufr dûn kufr d‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan, le descendant de Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb qu’on ne peut accuser de cautionner le taghût ni d’être un murjite :

 

Il existe deux sortes de kufr :

 

Kufr ‘amal (apostasie au niveau des actes) et le kufr juhûd wa ‘inâd (l’apostasie au niveau du cœur et de la croyance) qui consiste à renier une chose en sachant pertinemment qu’elle vient du Messager (r) par obstination et dénégation. Cela concerne les Noms du Seigneur, Ses Attributs, Ses Actions, Ses Lois qui ont pour base, Son tawhîd et Son adoration unique sans Lui vouer le moindre associer.

Cette forme d’apostasie s’oppose à la foi à tous les niveaux. Concernant le Kufr ‘amal, il y a certains actes qui s’opposent à la foi à tous les niveaux, comme se prosterner devant une idole, dénigrer le Coran, tuer voire offenser un prophète.[1]

 

Quant au hukm bi ghaïr mâ anzala Allah et l’abandon de la prière, ils relèvent du kufr ‘amal non du kufr i’tiqâd.

 

Dans cet ordre, nous avons le hadîth : « Ne redevenez pas des mécréants après moi en vous tranchant mutuellement la nuque. »[2]

 

Le Prophète (r) dit également : « Quiconque visite un devin et donne crédit à ses paroles, ou qui sodomise sa femme aura mécru aux enseignements révélés à Mohammed. »[3]

 

Il s’agit ici du Kufr ‘amal qui n’a pas le même degré de gravité que les actes que nous avons cités précédemment, bien que dans tous les cas on parle de kufr.

 

En outre, le Coran désigne celui qui met en pratique une partie du Coran comme étant croyant pour la partie qu’il met en pratique et mécréant pour celle qu’il délaisse. Allah (I) révèle en effet : [Et lorsque nous primes votre engagement de ne pas verser votre sang et ne pas vous expulser des maisons] jusqu’à : [Est-ce que vous croyez à une partie du Livre et vous reniez une autre]. Ce Verset nous enseigne qu’ils ont accepté cet engagement et qu’ils y ont adhéré (iltazama). Cela démontre qu’ils y ont donné foi. Il nous informe pourtant, qu’ils ont désobéi à l’ordre de Leur Seigneur, et que certains d’entre eux ont versé le sang à un autre groupe parmi les-leurs qu’ils ont expulsé de chez eux. Ils ont donc renié l’engagement qui leur fut pris.

 

Le Coran nous apprend ensuite qu’ils réclamèrent une rançon en échange des prisonniers que le premier groupe avait constitué. Ils ont donc donné foi à l’engagement que le Seigneur avait pris sur eux dans le Livre. Ils étaient d’un côté croyants pour avoir mis en pratique le pacte qu’ils avaient pris avec Lui, et d’un autre côté mécréants pour en avoir négligé une partie.

 

Ainsi, la foi au niveau des actes s’oppose à la mécréance au niveau des actes et la foi au niveau de la croyance s’oppose à la mécréance au niveau de la croyance.

 

Selon un hadîth authentique : « Offenser un croyant relève de la perversion, et le tuer relève de la mécréance. »[4] Le Prophète (r) a distingué entre l’offense et le meurtre ; l’un étant un acte de perversion (fusûq) qui ne rend pas mécréant, et l’autre un acte de mécréance. Il va sans dire qu’il faisait allusion auKufr ‘amalî non au Kufr i’tiqâdî. Ce genre de kufr ne fait pas sortir carrément de la religion musulmane, de la même manière que l’adultère, le vol, et l’alcool, bien qu’au même moment, les fautifs se voient retirer le nom de croyants.

 

Ces détails sont conformes à l’opinion des Compagnons, qui sont les plus éclairés de la communauté sur le Livre d’Allah, sur l’Islam, la mécréance, et leurs implications. Il n’est donc pas pertinent de se tourner pour ces questions vers quelqu’un d’autre. Les nouvelles générations ont mal appréhendé leur discours, c'est pourquoi elles se sont divisées en deux groupes :

Un groupe qui a sorti de la religion les auteurs des grands péchés, en les condamnant à l’Enfer éternel ; et un groupe qui les a considérés à l’opposée comme des croyants ayant une foi parfaite. Les premiers ont sombré dans le rigorisme et les seconds dans le laxisme. Néanmoins, Allah guida les traditionalistes, qui sont au milieu des tendances musulmanes comme l’Islam est au milieu des autres religions, sur la meilleure voie, qui est la voie du milieu.

 

Ainsi, on parle de kufr dûn kufr (mécréance sans être de la mécréance), de nifâq (hypocrisie) dûn nifâq, deshirk dûn shirk, et de zhulm (injustice) dûn zhulm.

 

Selon ibn ‘Abbâs en effet au sujet du Verset : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants] : « Ce n’est pas la mécréance à laquelle vous pensez. » Cette annale est rapportée par Sufiân et ‘Abd e-Razzâq. Une version précise : « il s’agit de la mécréance qui ne fait pas sortir de la religion. »[5]

 

Selon ‘Atâ : « Il s’agit du kufr dûn kufr, zhulm dûn zhulm, et du fisq dûn fisq. »

 

Ce principe est clairement exposé dans le Coran pour celui qui se penche dessus. Allah (I) en effet appellent « mécréant » celui qui n’applique pas Ses lois. La même désignation est consacrée à celui qui renie les Lois qu’Il a révélées à Son Messager. Pourtant, il n’est pas question du même statut dans les deux cas.

 

En outre, le Coran taxe le mécréant de zhâlim (injuste) dans le Verset suivant : [Les mécréants sont eux les injustes]. Il taxe du même nom celui qui dépasse les limites dans les domaines du mariage, du divorce, etc. Il affirme à ce sujet : [Celui qui outrepasse les Limites d’Allah, est vraiment injuste envers lui-même]. Yûnas fait également l’aveu : [Je comptais vraiment parmi les injustes]. Ce genre d’injustice est encore différent du premier.

 

Le mécréant est également qualifié de fâsiq (pervers) dans le Verset : [mais Il n’égare par son biais que les pervers] ; mais aussi : [Nous avons descendu sur toi des Versets détaillés, seuls les pervers peuvent les renier].

Or, les désobéissants musulmans ont droit à la même appellation : [Ô croyants ! Quand un pervers vous ramène une nouvelle, alors vérifiez-la]. Un autre Verset parle des diffamateurs en ces termes : [ceux-là sont vraiment les pervers]. Pour le hadj, il est dit : [il ne faut ni approcher sa femme ni faire de perversité ni se disputer lors du pèlerinage].[6]

 

À suivre…

 

Par : Karim Zentici

 

 

 

 


 

[1] Les font une distinction entre ce que l’on appelle mâ yudhâd el iman mi kulli wajh (qui s’oppose à la foi à tous les niveaux) pour lequel le fautif devient unkâfir si les conditions sont réunis et les restrictions exclues et mâ lâ yudhâd el iman mi kulli wajh (qui ne s’oppose à la foi à tous les niveaux). Quant au deuxième cas, il incombe de l’interroger sur ses intentions, comme le Prophète l’a fait avec Hâtib ibn Abî Balta’a ; voir el umm de Shâfi’î (4/250).

 

[2]Rapporté par el Bukhârî et Muslim.

 

[3]Rapporté par e-Tirmidhî, ibn Mâja, et Abû Dâwûd ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans irwâ el ghalîl(7/68).

 

[4]Rapporté par el Bukhârî et Muslim.

 

[5]Cette annale d’ibn ‘Abbâs est authentique, je me proposerais plus tard in shâ Allah, d’en faire une analyse en m’inspirant des travaux des savants.

 

[6] Voir : usûl wa dhawâbit fî e-takfîr de l’érudit ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan, qui fut édité avec les annotations de Sheïkh D. ‘Abd e-Salâm ibn Barjas – qu’Allah lui fasse miséricorde –.

LE KUFR DÛNA KUFR (1/2)

LE KUFR DÛNA KUFR (2/2)

Celui qi est souvent comparé à ibn taïmiya dit dans un autre passage concernant spécialement lehukm bi ghaïr mâ anzala Allah : « … la sunna est venue pour expliquer que l’obéissance doit se faire dans les limites du convenable ; ces limites correspondent aux actes obligatoires et recommandés qu’Allah a imposé et agréé pour Ses serviteurs. Il est cependant interdit de se référer à des jugements qui puisent leur source dans une législation illégitime, et qui va à l’encontre du Coran et de la sunna, comme les lois grecques, franques, tatares ; tous ces codes qui proviennent de leur propre réflexion et penchants. Nous pouvons en dire autant des coutumes et des traditions bédouines en usage. Quiconque les autorise moralement (istahalla) dans les affaires de sang ou autre est un mécréant. Allah (I) révèle à ce sujet : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants]. Certains exégètes expliquent au sujet de ce Verset qu’il s’agit ici du kufr dûn el kufr el akbar. Ils en comprennent en effet qu’il englobe également celui qui n’applique pas les lois d’Allah, sans toutefois l’autoriser moralement.

 

Néanmoins, ils ne contestent pas que son sens général concerne celui qui l’autorise moralement, et qu’il sort ainsi de la religion. »[1]

 

Ibn Taïmiya lui-même avait, des siècles plus tôt, un discours qui allait dans ce sens : « Nul doute que quiconque n’est pas convaincu qu’il incombe d’appliquer les Lois qu’Allah a révélées à Son Messager est un mécréant. Quiconque autorise moralement (istahalla) de régner sur les hommes selon ce qu’il croit être juste, sans se conformer aux Lois d’Allah est un mécréant.

Toute nation en effet aspire à faire régner la justice qui peut être appréciée, dans certaines éthiques, par l’élite. Bon nombre de communautés affiliées à l’Islam se permettent elles-mêmes de se référer à leurs coutumes qui n’ont aucun lien avec la Révélation, comme les coutumes bédouines ou celles qui sont sous l’autorité d’un chef ; celles-ci pensent qu’il convient de suivre ces conventions aux dépens du Coran et de la sunna. La mécréance correspond exactement à cela. Beaucoup de gens qui se convertissent à l’Islam ne se soumettent pourtant qu’à leurs traditions en usage.

 

Dans la mesure où ces derniers savent pertinemment qu’il n’est pas permis de mettre de côté les Lois d’Allah, s’ils n’y adhèrent pas (iltazama), ou si au contraire ils appliquent des lois contraires, ils sont de vulgaires mécréants, ou sinon, de simples ignorants. »[2]

 

Il explique ailleurs : « À partir du moment où quelqu’un autorise une loi qui est licite à l’unanimité des savants, ou bien une autre qui est illicite à l’unanimité des savants, ou encore qui remplace une loi qui est frappée également d’un consensus est un mécréant apostat à l’unanimité des légistes. C’est pour ce cas que, selon l’une des opinions, le Verset fut révélé : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants]. Cela, étant donné qu’il autorise moralement (istahalla) de ne pas appliquer les lois d’Allah. »[3]

 

Les trois grandes références contemporaines ont un discours qui va également dans ce sens. Prenons l’exemple de Sheïkh el ‘Uthaïmîn, qui commenta les paroles de Sheïkh el Albânî – que rapporte l’ancienne revue el Muslimûn – en ces termes : « … ainsi, selon l’interprétation que nous avons faites du Verset en question, nous estimons que le hukm bi ghaïr ma anzala Allah ne fait pas sortir de l’Islam, mais qu’il relève du kufr el ‘amalî. Un tel gouverneur sort en effet du droit chemin. Il n’y a pas de différence en cela, entre celui qui s’inspire des lois instaurées par d’autres et qu’il applique à son pays, et celui qui invente une législation. »

 

Ailleurs, il précise : « Il est possible que l’une des motivations qui poussent à appliquer des législations qui s’opposent à la religion, la menace de certains gens plus puissants font régner sur lui. Il cherche ainsi à se les concilier. C’est pourquoi, nous disons, qu’il n’est pas différent ainsi des autre pécheurs qui sont motivés par les mêmes raisons… »

 

Nous disions également dans un article précédent :

 

D’un point de vue terminologique, il faut savoir que le kufr correspond pour certains savants à tout ce qui s’oppose à la foi ou pour la plupart, à renier n’importe quel enseignement du Prophète (r) ; cela concerne aussi bien les masâil el ‘ilmiya (ou usûl pour certains) que les masâil el ‘amaliya (ou furû’ pour certains). notons qu’il s’agit dans cette définition du kufr akbar (majeur). C’est d’ailleurs de cette façon qu’il est utilisé dans les textes, sauf si le contexte spécifie qu’il s’agit du kufr asghar (mineur).

 

Ainsi, les textes font plus souvent allusion aux kufr akbar, bien qu’il puisse s’agir du kufr asghar ou, comme le formulent les savants, du kufr dûn kufr. C’est le cas pour la question du hukm bi ghaïri mâ inzala Allah, dans la mesure où son auteur ne l’autorise pas moralement (c’est la question de l’istihlâl), comme le souligne ibn Taïmiya et Sheïkh ibn Bâz.[4] Il peut s’agir également du kufr e-ni’ma (l’ingratitude). Dans ces deux cas, on parle de kâfir de façon relative, non de façon absolue.

 

Le kufr est également nommé dans les textes, shirk (association), zhulm (injustice), et fisq(perversité). Il y a donc un shirk dûn shirk, du zhulm dûn zhulm et du fisq dûn fisq, comme il y a un shirk akbar, un zhulm akbar et un fisq akbar. En tenant compte de ces notions, on s’éloigne des deux tendances extrêmes : el hijrâ wa e-takfîr et des murjites.[5]

 

Remarque :

 

En fonction des membres avec lequel il se matérialise, le kufr se divise en trois catégories :

• El kufr el qalbî : qui concerne les éléments de la croyance qui touchent au kufr akbar (comme le reniement, le scepticisme, l’association dans les trois domaines du tawhîd : RububiyaUlûliyael Asmâ wa e-Sifât).

• El kufr el qawlî : qui concerne les paroles et touche aussi bien le kufr akbar que le kufr asghar. Il faut savoir ici que les paroles traduisent la croyance. Celui qui apostasie avec la langue, apostasie immanquablement avec le cœur, contrairement aux jahmites pour qui les paroles extériorisent la croyance, sans relever du kufr en elles-mêmes ; c’est le dalîl zhâhir. Ainsi, peu importe que celui qui prononce le kufr soit convaincu par ses paroles ou non, étant donné qu’il les a dites en toute âme et conscience (tatâbuq e-zhâhir bi el bâtin). Seul le mukra (qui les prononce sous la contrainte) est excusable.

• El kufr ‘amalî : qui concerne les actes et qui se subdivise en

-                  en mukhrij min el milla qui correspond aux actes s’opposant littéralement à la foi (blasphémer, se prosterner devant une idole, uriner sur le Coran),

-                  et ghaïri mukhrij min el milla comme le hukm bi ghaïri mâ inzala Allah et târik e-sâlat comme le souligne ibn el Qaïyim.

 Ainsi, il est plus précis de classer le kufr de cette façon que de le classer en ‘amalî pour parler dukufr asghar et i’tiqâdî pour parler du kufr akbar étant donné que certains actes du domaine du kufr ‘amalîrelèvent du kufr akbar.[6]

 

Wa Allah a’lam !

 

Par : Karim Zentici

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

[1]Manhâj e-ta-sîs wa e-taqdîs (p. 70-71).

 

[2] Manhaj e-sunna e-nabawiya (5/130).

 

[3]Majmû’ el fatâwâ (3/267).

 

[4]Voir : minhaj e-sunna (5/131) et fatawa ibn Bâz (3/990-991).

 

[5]Voir : e-Takfîr wa Dhawâbituhu de Sheïkh Ibrahim e-Ruhaïlî.

 

[6]Idem.

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