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Que les prières d’Allah et Son Salut soient sur Mohammed, ainsi que sur ses proches,

et tous ses Compagnons !

 

Personne ne peut imposer aux gens d’adhérer aux idées d’une personne, par l’intermédiaire desquelles se désigneraient les alliés et les ennemis en dehors du Prophète (r). Personne n’a le droit non plus d’imposer un discours qui ferait la part entre les alliés et les ennemis en dehors des Paroles d’Allah, celles de Son Messager, et celles qui font l’unanimité de la nation. Cette particularité est plutôt propre aux innovateurs, ceux qui se désignent une personne ou des paroles qui auraient pour fonction de trancher ou de diviser entre les membres de la communauté. Leurs alliés seraient ceux qui adhèrent à cette personne ou à ce discours, et en fonction de cela seraient désignés les ennemis. Majmû’ el fatâwâ(2O/164).

 

 

Long est le chemin qui mène des ténèbres à la lumière, long est le chemin du savoir et de la vérité… rien de mieux pour y parvenir, que de s’armer (après la piété) d’endurance et d’abnégation… mais force est de constater que certains jeunes, en manque de reconnaissance pour les plus téméraires, brûlent les étapes, et empruntent des raccourcis : il suffit parfois de se distinguer des autres pour se faire remarquer… il faut reconnaitre que le procédé était facile et bien trouvé… bien que plus court est le chemin, plus tôt est la chute !

 

E-durar e-saniya, qui est une compilation des écrits des savants de la da’wa najdiya, était tout désigné pour assouvir ces sombres ambitions. Peu connu du grand public, il convenait idéalement pour assujettir et tourner les esprits vers soi. Le plus drôle, c’est que pour des gens qui taxent d’apostats les États musulmans pour avoir, à leurs yeux, tourner le dos au Coran infaillible, ils s’inspirent d’une œuvre qui n’est que la somme de travaux humains, avec tous les aléas que cela implique. Les premiers kharijites avaient au moins la décence de prendre le Livre Sacré des musulmans, comme « La » référence. Ils n’en furent d’ailleurs pas moins égarés, car le Coran lui-même : [en égare beaucoup].[1]

 

Là où ils se rejoignent avec leurs héritiers, c’est que tous autant qu’ils sont, ils ont recours à des textes ambigus, dans le but de semer la confusion dans les rangs, ce qui démontre, comme le souligne ibn Taïmiya,[2] qu’ils sont plus animés par les passions, que par la recherche de la vérité : [Quant à ceux qui ont les cœurs égarés, ils s’attachent aux Versets ambigus en vue de semer la discorde et de les interpréter à leur façon ; mais personne ne connait leur interprétation en dehors d’Allah. Ainsi que les savants érudits qui disent : nous y donnons foi, tout vient de Notre Seigneur].[3] Les savants érudits ont donc la particularité de confronter les textes ambigus aux textes formels, soit de les utiliser dans leur globalité, non de prendre seulement ceux qui les arrangent.

 

Ces savants qui dérangent sont d’ailleurs souvent la cible de ces jeunes ignorants aux idées les plus rebelles. Ibn Taïmiya souligne à ce sujet : « L’une des pratiques les plus ignobles, c’est de voir les ignorants taxer les savants musulmans d’apostats. Une telle pratique vient à l’origine des kharijites et des rafidhitesqui condamnaient les responsables musulmans d’apostats. »[4] Ce n’est pas étonnant que l’Imam ibn Bâz n’ait pas échappé à leur vindicte, bien que ce soit plutôt une bonne nouvelle, car, comme le souligne ibn Abî Hâtim : « Les signes distinctifs d’ahl el bida’ (les innovateurs ndt.), c’est de dire du mal d’ahl el athar (les traditionalistes ndt.). »[5]

 

Ces jeunes insensés ne se contentent pas d’avoir une approche incohérente des textes qu’ils utilisent, mais qui plus est, ils en pénètrent mal le sens. C’est pourquoi, ces propres textes se retournent souvent contre eux. Dans el jawâb e-sahîh, ibn Taïmiya brosse le profil psychologique des chrétiens qui n’ont rien à envier à ses derniers dans leur relation avec les  Écritures, wa Allah el musta’ân !

 

Les savants des durar e-saniyafaisaient allégeance à l’émir de leurs époques respectives : 

 

Ainsi, nos « amis » veulent nous faire croire, que contrairement à Sheïkh ibn Bâz, les savants des durar e-saniya, ne craignaient, en dehors d’Allah, rien ni personne. C’est une technique classique des kharjites anarchistes, qui se désolidarisent des savants de leur époque, pour faire ensuite dans la nostalgie. Mais, ce qu’ils ne savent pas ou qu’ils font semblant de ne pas savoir – c’est selon –, c’est que les savants des durar étaient confrontés aux mêmes symptômes que l’ancien grand mufti d’Arabie Saoudite. Cela ne les a pas empêché de faire abstraction aux revendications dissidentes et de maintenir le pacte d’allégeance qui les liait à leurs rois successifs. Sans omettre de souligner qu’ils étaient plus à même de faire part des erreurs aux autorités compétentes et de faire leur devoir de morale sans craindre le blâme de personne,[6] à la manière de l’aveugle érudit. Sulaïmân ibn Sahmân lui-même fait des éloges pour le moins déconcertantes pour un non-averti au père du Roi actuel (d’autres que vous verras en lui qu’il est à la botte du sultan), dans une lettre que recensent… e-durar e-saniya.[7]

 

Les savants des durar e-saniyacondamnaient les kharijites qui s’étaient insurgés contre le Roi ‘Abd el ‘Azîz :

 

Or, malgré l’approbation populaire dont jouissaient certains membres des ikhwâns man tâ’ allah,[8] les savants des durar firent front à ses derniers. Ils affichaient pourtant un grand zèle pour le tawhîd (l’unicité), l’amour en Dieu (el walâ wa el barâ), et la morale publique (el amr bi el ma’rûf). En faisant ainsi leur devoir, ces fameux savants déclenchèrent la colère du peuple, un peu comme ibn Bâz en son temps. Notons que les insurgés étaient certes des religieux, mais ils n’étaient pas pour autant des savants. Cette ardeur mal placée qui avait mué leur action, et qui avait gagné la faveur populaire n’intercédait nullement en leur faveur.

 

L’histoire se répète ! Un peu comme aujourd’hui en effet, ils accusaient les porteurs du savoir d’être les serviteurs du palais. Ils furent ainsi les premières victimes de leur mauvaise opinion des héritiers des prophètes, car, ayant coupé les liens avec eux, ils se privaient ainsi d’enrichir leur culture religieuse. C’est pourquoi, c’était un domaine où, très pauvres, ils étaient très mal à l’aise. Il ne leur restait plus qu’à se tourner, vers des ignorants – décidemment, c’est une manie – qui les entrainèrent droit dans un cul de sac.[9]

 

Les savants des durar e-saniyareprochaient à certains de leurs contemporains de puiser la science uniquement dans les livres :

 

Certains de leurs contemporains en effet se contentaient de prendre les paroles des grandes références au premier degré. Ils ne prenaient nullement la peine de les exposer à leurs savants qui auraient pu les orienter, se suffisant ainsi à leur propre compréhension. Ils s’inspiraient de majmû’ e-tawhîd (que les jours se ressemblent !) et des paroles du savant un tel. Le fait est qu’ils ne pénétraient nullement ses réelles intentions, ce qui les plongeait encore plus loin dans l’obscurité de l’égarement. Ils avaient ainsi hérité des méthodes des kharijites, à la différence où les kharijitescherchaient au moins, certes à tort, à comprendre le Coran tous seuls (ou en d’autres termes ils ne se fiaient pas à la compréhension des anciens), bien qu’ils n’y soient pas arrivés. En cela, ils sont moins condamnables que ceux qui cherchent leur voie dans les écrits des hommes, sans avoir les outils suffisants leur permettant de les décrypter. Il va sans dire, que cela relève de la compétence des experts en la matière.

 

Pour Mohammed ibn ‘Abd e-Latîf, à vouloir se passer des savants sous prétextes d’avoir majmû’ e-tawhîd sous la main, c’est foncer droit sur un mur. Sinon, le Prophète (r) n’aurait jamais dit que le savoir se dissipera avec la mort des savants, et qu’ensuite, les hommes auront pour références les plus grands égarés…[10]

 

À suivre…

 

Par : Karim Zentici 

 

 

 

 


 

[1] La vache ; 26

 

[2] Voir notamment : El Jawâb e-Sahîh li man baddala din el Masîh (2/710) et majmû’ el fatâwa (3/62-63).

 

[3] La famille d’Imrân ; 7

 

[4] Majmû’ el fatâwa (35/100).

 

[5] Sharh usûl i’tiqâd ahl e-sunna d’e-Lâlakâî (1/179). Quand bien même ibn Bâz se serait trompé sur certains de ses opinions, la bonne marche à suivre consiste à montrer les erreurs sans forcément condamner d’apostat leur auteur. 

 

[6] Voir : E-durar e-saniya (7/282) pour la 2ème édition et (9/104) pour la 5ème édition.

 

[7] E-durar e-saniya (14/540).

 

[8] Heureusement pas tous, comme ne témoigne e-durar e-saniya (9/199) de la 5èmeédition.

 

[9] Voir : E-durar e-saniya (7/294-298) pour la 2ème édition et (9/127-135) pour la 5èmeédition. Sheïkh ‘Omar ibn Mohammed ibn Sulaïm fait ce même constat [Voir : (7/313) pour la 2ème édition et (9/166) pour la 5ème édition.

 

[10] Idem.

E-DURAR E-SANIYA  (1/3)

E-DURAR E-SANIYA  (2/3)

Les savants des durar e-saniyareprochaient à certains ignorants de leur époque de rompre l’allégeance qui les liait à leurs autorités :

 

Ils avaient conscience, tout comme Sheïkh ibn Bâz, que les autorités n’étaient pas parfaites, mais qu’en même temps, l’anarchie n’apportait rien de bien ; et que pour l’intérêt supérieur des musulmans, il fallait maintenir la société unie autour de son chef suprême. Ce n’est pas que les savants cirent les bottes des émirs, mais ils sont, contrairement aux innovateurs, animés par leur attachement fidèle aux textes scripturaires de l’Islam, qui s’incarnent dans le Coran, la sunna, et le consensus. Il faut donc rester lucide, et ne pas se laisser envahir par les sentiments.[1] Dans une lettre destinée aux ikhwân, Sa’d ibn Hamd ibn ‘Atîq se plaint de certains ignorants imbus de leurs idées. Il faisait remarquer bien avant ibn Bâz, qu’il était intolérable de jeter la suspicion sur les personnes des savants, en les accusant de ne pas remplir leur devoir et de cacher la vérité.[2]

 

Les savants des durar e-saniyareprochaient à certains ignorants de leur époque de mal utiliser les paroles des imams de la da’wa najdiya :

 

Sheïkh ‘Abd Allah ibn ‘Abd el ‘Azîz el ‘Anqarî présumait que ces gens-là avaient dû s’inspirer du livre e-dalâil de Sheïkh Sulaïmân ibn ‘Abd Allah âl e-Sheïkh et de sabîl e-najât de Hamd ibn ‘Atîq, déjà… il explique notamment qu’il faut replacer les choses dans leur contexte et que Sheïkh Sulaïmân composa son ouvrage à l’occasion de l’invasion turc du territoire du Najd. Ces armées étaient venues avec de très mauvaises intentions contre la da’wa salafiya, et avaient même une cinquième colonne auprès des bédouins, mais aussi des citadins du coin. Nous pouvons en dire autant pour le deuxième auteur. Il incombe donc pour comprendre les intentions d’un auteur de replacer ses paroles dans leur contexte historique.

 

La question de la muwâlât notamment est très claire. Il s’agit d’afficher de l’affection aux infidèles pour leur religion et de les aider contre leurs frères pour les mêmes ambitions. Ce qui n’est pas le cas du chef d’État qui est soumis à des accords internationaux avec les nations non-musulmanes. Il en va même de l’intérêt supérieur de la nation. D’ailleurs, ces mêmes Sheïkh – ni d’ailleurs ‘Abd e-Lâtif – n’ont jamais dit qu’on devient apostat sur le simple fait de vivre au milieu d’eux. Cependant, poursuitSheïkh ‘Abd Allah, ils émettent la condition que le fautif soit considéré aux yeux des païens comme l’un des leurs, sauf s’il le fait dans l’intention de préserver sa vie, non par amour de leur religion. Le simple fait de vivre chez des non-musulmans est un péché certes, mais qui n’atteint pas le degré d’apostasie. Ce même Sheïkh ‘Abd Allah leur reproche ainsi de se fier à leur propre compréhension sans revenir aux savants.[3]

 

Les savants des durar e-saniyacondamnèrent la tentative d’insurrection qui fut menée à leur époque par des ignorants contre le Roi ‘Abd el ‘Azîz :

 

Une lettre de contestation fut signée par les personnalités suivantes :

-           Sa’d ibn Hamd ibn ‘Atîq,

-           Sulaïmân ibn Sahmân,

-          Sâlih ibn ‘Abd el ‘Azîz,

-          ‘Abd el ‘Azîz ibn ‘Abd e-Lâtîf,

-          ‘Omar ibn ‘Abd e-Lâtîf,

-          ‘Abd e-Rahmân ibn ‘Abd e-Lâtîf,

-          et Mohammed ibn Ibrahim.

 

Ils leur reprochaient d’avoir menacé le Roi par courrier, sous le couvert de la morale, en s’éloignant ainsi de la voie des anciens. Ils se sont purement et simplement désolidarisés de ces derniers, comme ibn bâz a pu le faire avec certains symboles contemporains. Ils ne furent motivés en cela, ni par la crainte de personne ni par l’appât du gain, contrairement aux idées reçues… La seule chose où on peut leur en vouloir, c’est d’être des salafis et de se conformer scrupuleusement et rigoureusement à la tradition prophétique. Ils ont au moins le mérite d’être en harmonie avec leurs idées. Ils condamnaient ainsi toute forme d’insurrection, même s’ils étaient partisans du bon conseil prodigué dans les normes.[4]

 

Les savants des durar e-saniyase sont désolidarisés des kharjites de leur époque :

 

Dans cette même lettre, ils s’adressent aux mutins qui prétendent être dictés par la voie de leurs Sheïkh. Le problème, c’est que les savants de Najd ne connaissaient pas ses fameux Sheïkh, à tel point qu’ils doutaient de leur origine et de leurs intentions. En tout cas, les imams de la da’wa ne se cachent certainement pas derrière ce zèle effréné qui trahit que ces mutins sont plus guidés par leurs passions que par ces Sheïkh en question. Ils ne concertaient jamais les savants sur leurs projets et confectionnaient leurs propres fatwas entre eux (tient, tiens, nous avons déjà vu cela quelque part !).

 

Innocents de leurs agissements, les signataires de la lettre accusatrice suggèrent à ces mutins de se remettre en question et de se repentir devant le Seigneur, ce qui nous faisons également en prodiguant le pieux et le modeste conseil à nos « amis » de Belgique, mais aussi de France et de Navarre d’abandonner ce chemin périlleux pour les deux mondes, dans lequel ils se sont aventurés !

 

Les signataires n’omettent pas de rappeler solennellement qu’ils appellent à l’union autour de l’Imam du pays, et que toute opinion qu’on leur impute allant dans un autre sens n’est qu’une vulgaire calomnie ![5]

 

Les savants des durar e-saniyacondamnaient de prendre à la légère les questions du takfîr, qui, complexes, sont réservées aux savants :

 

Commençons par Abâ Battîn qui représente un symbole aux yeux des takfiriscontemporains. Ce dernier recommande de :

-          ne pas s’initier dans les questions du takfîr sans avoir les outils en main pour le faire.

-          De ne pas sortir ou de faire entrer quelqu’un dans l’Islam selon ses propres appréciations, car c’est un domaine où seuls les textes font autorités.

-          D’éviter, et ce point est d’une extrême importance, de se prononcer sur des questions où la divergence règne entre les savants. c’est un domaine où il faut être prudent, sauf s’il existe un texte explicite sur la question.

 

Malheureusement, selon Abâ Battîn, Satan est parvenu à faire glisser bon nombre de gens dans ce domaine, qui est des plus délicats. Entre faire du takfîr à outrance et interdire le takfîr à outrance il a l’embarras du choix. Le plus étonnant, pour reprendre les termes d’Abâ Battîn, c’est que si on interrogeait les uns et les autres sur une simple question qui touche aux ablutions, ils seraient incapables de répondre, et, paniqués, ils s’appuieraient aussitôt sur les savants. En revanche, quant il s’agit des questions aussi graves que le takfîr, ils font étrangement preuve d’assurance et d’autonomie.[6]

 

Ibn Sahmân, quant à lui, approuve le Sheïkh Abâ Battîn. [7] En outre, en réponse à une lettre, il constate notamment, que la plupart des religieux qui s’initient dans ce domaine, sont de simples gens n’ayant pas le moindre semblant de science ni la moindre expérience pouvant les épargner du péril. Souvent, ils n’ont jamais feuilleté les analyses des grandes références sur la question qui n’omettent pas de rappeler dans leur discours, que seuls les grands érudits sont à même de s’y engager.[8]

 

   À suivre…

 

Par : Karim Zentici

 

 

 

 

[1] Voir : E-durar e-saniya (7/282) pour la 2ème édition et (9/104) pour la 5ème édition.

 

[2] Voir : E-durar e-saniya (7/302) pour la 2ème édition et (9/139) pour la 5ème édition.

 

[3] Voir : E-durar e-saniya (7/309) pour la 2ème édition et (9/157) pour la 5ème édition.

 

[4] Voir : e-durar e-saniya (7/321) pour la 2ème édition et (9/183) pour la 5ème édition.

 

[5] Idem.

 

[6] Ibn Sahmân cite ce passage dans manhâj el haqq wa el ittibâ’ (p. 77), mais il se trouve également dans… e-durar e-saniya (10/374-375).

 

[7] Voir : manhâj el haqq wa el ittibâ’ (p. 80).

 

[8] Voir : e-durar e-saniya (10/374-375).

E-DURAR E-SANIYA  (3/3)

L’opinion de l’érudit ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân :

 

Ce dernier explique qu’il n’est pas dans l’usage des traditionalistes de s’aventurer dans le takfîr sans fondement. Cette démarche est plutôt propre aux égarés et aux innovateurs. Elle trahit un manque de piété de la part de leur auteur qui vacille entre l’ignorance et l’injustice pour reprendre les termes d’ibn Taïmiya. L’ignorant fonce tête baissé sans tenir compte de paramètres établis par les savants et puisés dans les textes…[1]

 

Il explique ailleurs dans une lettre qui s’adresse à des ignorants qui prenaient les questions dutakfîr à la légère, qu’il avait déjà reproché dans le passé à deux téméraires de leur genre que Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb, qui tenait compte – rappelons-le – d’iqâma el hujja (d’établir la preuve céleste contre un fautif ndt.) n’avait aucun lien avec cette façon d’agir. ‘Abd e-Latîf reprochait à ces deux téméraires de taxer d’apostats leur gouverneur et certains savants contemporains (donc bien avant ibn Bâz). Ensuite, en revenant aux individus concernés par sa lettre, il ne leur cache pas qu’on lui a fait part de certaines de leurs opinions touchant au walâ wa el barâ, au hukm bi ghaïr ma inzala Allah, etc. Puis, il leur affiche son mécontentement en leur expliquant que ces questions, qui réclament une grande compréhension, relèvent uniquement de la compétence des savants. Ces téméraires n’ont pas les outils suffisants pour s’y initier et vont ainsi droit à l’erreur. Il est donc interdit à des ignorants de leur genre d’entrer dans des questions aussi grandes ![2]

 

Démonstration :

 

Restons avec ‘Abd e-Latîf, et prenons un exemple pour mieux se représenter la chose dans la pratique, en tâchant, surtout, de garder à l’esprit les points que nous venons d’évoquer. Voila, certainsnéo-takfiri utilisent certaines des paroles de Hamd ibn ‘Atîq pour kaffar la province du hijâz (qui longe le littoral de la mer rouge), où se trouvent… les Lieux-Saints de l’Islam. Je n’ai pas la prétention ici de parler de la pertinence de cette opinion en regard des textes, mais j’aimerais juste souligner une petite chose. Avant tout, j’aimerais rappeler, comme l’évoque Sheïkh ‘Abd Allah ibn ‘Abd el ‘Azîz el ‘Anqarî l’un des savants des… durar e-saniya qu’il faut replacer le discours d’ibn ‘Atîq dans leur contexte historique.

 

Juste que, dans sa condamnation sévère, et pour appuyer ses propos, Abd e-Latîf rapporte les paroles d’ibn ‘Abd el Wahhâb qui démentent ce qui lui fut mensongèrement imputé à ce sujet. il défit notamment de fournir la moindre preuve dans les œuvres de l’Imam allant dans ce sens, et de prouver qu’il excluait de la religion tous les musulmans, ou leur grande majorité, sous prétexte qu’ils ne le suivaient pas.[3]

 

Comme le dit l’Imam lui-même, c’est une chose qui ne viendrait même pas à l’esprit d’un non musulman, voire d’un fou, avant même de traverser celui d’un adepte de l’Islam digne de ce nom et qui sait ce qu’il dit. L’Imam était un traditionaliste, alors comment aurait-il pu, questionne Abd e-Latîf, kaffarles Lieux-Saints, à la manière de certains contemporains non-traditionalistes ? Il va sans dire qu’on ne peut accuser l’Iman de manquer de zèle et d’être un savant du taghût, contrairement à ce qui sera dit, bien des années plus tard, sur ibn Bâz. L’auteur de la lettre souligne enfin que l’Imam donne plus ou moins de détails dans son discours en fonction de ce que réclame la situation… et qu’il ne faut pas toujours prendre, comme nous l’avons développé plus haut ses paroles au premier degré…

 

Certes, ce passage est extrait de misbâh e-zhalâm (p. 42), mais il se trouve aussi et surtout dans le premier volume des… je vous laisse deviner la suite.

 

Wa Allah a’lam !

 

Par : Karim Zentici 

  

 

 

 

 

 

 

 


 

[1] Voir : E-durar e-saniya (10/423-425), et pour les paroles d’ibn Taïmiya manhâj e-sunna (5/89-125).

 

[2] Voir : E-durar e-saniya (1/478-479).

 

[3] Nous avons déjà évoqué le passage en question dans les citations sur le ‘udhr bi el jahl, et qui est extrait d’e-durar e-saniya (1/72).

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