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Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

 

 

Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que le Salut et les Prières d’Allah soient sur le maître des premières et des dernières générations, notre maître et notre Prophète Mohammed, ainsi que sur sa famille, ses Compagnons, et tous ceux qui suivent leur voie et qui s’accrochent à leur tradition jusqu’au Jour des comptes !

 

 

La sagesse consiste à mettre les choses à leur place, non à opter soit pour la douceur soit pour la dureté dans toutes les situations…

 

 

Allah révèle : (Si tu vois ceux qui discutent sur nos Versets, détourne-toi d’eux jusqu’à ce qu’ils parlent d’autre chose. Si Satan te fait oublier, ne reste pas, après t’en être souvenu, avec les gens injustes).[1](Il vous est révélé dans le Livre que si vous entendez des gens renier et railler les Versets d’Allah, ne vous asseyez pas avec eux jusqu’ils discutent d’autres choses, sinon vous seriez comme eux. Allah va rassembler dans la Géhenne les hypocrites et les mécréants tous ensemble).[2]

 

 

Quelle est la position des traditionalistes concernant le fait d’entamer une polémique avec les innovateurs ? En règle générale, le discours avec eux est de deux sortes :

 

 

1- il y a les textes de la Loi et les paroles des gens de sciences venant confirmer la controverse bénéfique. Autrement dit, toute discussion qui permet d’établir la vérité et de réfuter le faux ou bien qui a pour but d’enseigner et de mettre au clair des questions problématiques.

 

 

2-  L’autre catégorie concerne la controverse négative. Autrement dit, toute discussion qui a la propension de réfuter la vérité et de défendre les mauvaises tendances ; ou si celle-ci est effectuée à des fins illégitimes comme le fait de polémiquer sur des notions ambiguës ; ou bien autour de la vérité après avoir été établie ; ou encore pour des raisons personnelles (pour exhiber sa perspicacité, son intelligence et sa culture, par ostentation ; ou pour recevoir les éloges des autres ou toute autre intention pernicieuse comme vouloir tenir tête ou par fanatisme). Le Prophète (r) a dit à ce sujet : « Allah jette en Enfer quiconque étudie la science pour se disputer avec les faibles d’esprit, pour rivaliser avec les savants, ou pour tourner les esprits vers lui. »[3]selon Jâbir (t), le Prophète (r) a déclaré également : « N’étudiez pas la science pour vous mesurer aux savants ni pour vous disputer avec les faibles d’esprits ni pour impressionner vos assemblées. Quiconque fait cela, ce sera  l’Enfer ! Ce sera l’Enfer ! »[4]

 

Toute discussion rentrant dans le deuxième ensemble est condamnable et donc interdite,[5] comme nous allons le voir.

 

 

Parmi les nobles desseins que l’Islam revendique, c’est de veiller à guider l’humanité afin de la faire adhérer à cette religion comme le Prophète (r) l’a enseigné à ‘Ali, le jour où il l’a envoyé en mission à Khaïbar : « Si Allah guide un seul homme par ton intermédiaire, cela vaut mieux pour toi que la meilleure richesse (un chameau brun en l’occurrence ndt.). »[6]

 

 

Ainsi, quiconque emprunte par la faveur d’Allah le chemin de la Sunna, doit servir de guide aux personnes égarées de la bonne voie ou négligentes dans leur adhésion à laSunna. Il incombe de mettre tous les moyens possibles en œuvre pour guider les gens et de familiariser les cœurs à recevoir la vérité. Pour cela, la prédication doit opter pour la douceur comme nous l’enseigne le Seigneur le Très-Haut en s’adressant à Moussa et Haroun en ces termes : (Rendez-vous chez Pharaon qui s’est rendu rebelle et tenez-lui un doux langage, ainsi se reprendra-t-il ou va-t-il s’émouvoir (craindre)).[7]

Celle-ci consiste à désigner les gens par les noms dignes de leur rang. Le Prophète (r) a entamé son courrier à Harqal (Héraclius) en ces termes : À Harqal le Grand de Rome. Il surnommait également ‘Abd Allah ibn Ubaï ibn Sallûl, Abû el Hibâb. Elle consiste également à endurer l’insensibilité des autres en se comportant de la meilleure façon en retour, sans chercher spécialement à précipiter leur adhésion. Allah le Très-Haut révèle : (Patiente comme ont patienté le cercle des résolus (Ulû el ‘Azm) parmi les Messagers et ne soit pas pressé au sujet de leur sort).[8]

 

 

Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a souligné au terme de son épître el ‘Aqîda el Wâsitiyaaprès avoir établi les principes fondamentaux du dogme des traditionalistes, qu’ils se caractérisent en plus par les choses suivantes : « Ils ordonnent le bien et interdisent le mal conformément aux exigences de la Législation divine. Ils adhèrent à faire le pèlerinage, la prière du vendredi et de l’Aïdsous la tutelle des différents gouverneurs qu’ils soient bons ou mauvais. Ils sont assidus à la prière en assemblée. Ils ont pour principe religieux de prodiguer le bon conseil à la communauté. Ils adhèrent au sens des paroles du Prophète (r) : « Les croyants les uns envers les autres sont comme un solide édifice. Ils sont attachés les uns les autres. » Il a, pour l’expliquer, croisé les doigts. Il a dit également : « l’exemple des croyants dans leur affection réciproque, leur miséricorde, et leur compassion, est comme un seul corps ; si un membre se plaint, c’est tout le corps qui souffre de fièvre et d’insomnie. »

Ils enjoignent également d’être patient dans l’adversité, d’être reconnaissant dans l’aisance, et d’être satisfait du mauvais destin. Ils appellent au bon comportement et aux bonnes œuvres. Ils sont convaincus du sens des paroles du Prophète (r) : « Le musulman dont la foi est mieux achevée, c’est celui qui a le meilleur comportement. » Ils recommandent de garder les liens avec celui qui les a coupés, de donner à celui qui refuse de donner, de pardonner à la personne injuste envers soi. Ils enjoignent d’obéir aux parents comme ils ordonnent d’entretenir les liens de sang et de veiller au bon voisinage. Ils condamnent l’orgueil, l’arrogance, l’injustice, et de s’en prendre à autrui à tort ou à raison. Ils encouragent la vertu et interdisent le vice. Tout ce qu’ils peuvent faire ou dire dans ce domaine ou autre, ils ne font que suivre le Coran et la Sunna. Le chemin qu’ils suivent, c’est la religion musulmane révélée par Allah à Mohammed (r). » Fin de citation.

 

 

Selon ce principe, en matière de morale (ordonner le bien et interdire le mal), c’est la délicatesse et la douceur qui prédominent comme le Seigneur le révèle : (Appelle au chemin de Ton Seigneur avec sagesse et le bon sermon, et polémique avec eux de la meilleure manière).[9] Selon ‘Âicha l’épouse du Prophète (r), ce dernier a dit : « la douceur ne se trouve pas dans une chose sans l’embellir, et elle n’est pas ôtée d’une chose sans la nuire. »[10]

 

 

Or, s’il n’y a pas d’autre façon de venir à bout du mal que d’avoir recours à une certaine sévérité, le cas échéant, il n’y a aucun inconvénient à le faire. Allah révèle : (Ne polémiquez point avec les gens du Livre si ce n’est de la meilleure façon, sauf avec les injustes parmi eux. Dites : Nous avons cru à ce qui nous a été qui vous a été révélé le Livre, notre dieu et le vôtre est un, et nous Lui sommes soumis).[11] Et cela, même à l’encontre des musulmans. Allah lui-même a autorisé la confrontation par les armes en cas de force majeure, qui représente pourtant le comble de la brutalité. Il a déclaré en effet : (Si deux clans parmi les croyants se font la guerre, vous devez les réconcilier. Et si l’un d’eux se rebelle contre l’autre, alors réprimez le rebelle jusqu’à ce qu’il se plie à l’Ordre d’Allah).[12] Il est d’ailleurs tout à fait plausible que le croyant soit plus virulent envers son propre frère qu’envers un non-musulman. Moussa (u) s’est en effet comporté gentiment envers Pharaon au moment où il fut intransigeant envers son frère de sang Haroun (u) à tel point qu’il y a eu de sa part ce que le Seigneur nous relate : (Il a pris son frère par les cheveux pour le tirer vers lui).[13]

 

 

Le Prophète (r) était lui-même susceptible d’être plus exigeant envers certains savants parmi ses Compagnons quand ceux-ci venaient à se tromper qu’il ne pouvait l’être avec d’autres. Mu’âdh par exemple ; comme ce dernier s’étendait quelque peu en présidant la prière, il le réprimanda en ces termes : « Serais-tu un perturbateur Mu’âdh ? »[14]

 

 

En parallèle, sa réaction était plus complaisante envers le bédouin ayant uriné dans la mosquée, comme il est précisé dans Sahîh el Bukhârî (220) et autre.  Il a également réprimandé Usâma ibn Zaïd lorsque ce dernier tua un païen sur le champ de bataille, après qu’il eut prononcé l’acte de foi, en disant : « Hé Usâma ! Tu l’as tué après qu’il ait témoigné : il n’y a d’autre dieu en dehors d’Allah ! Il l’a tellement répété commenta Usâma, que j’aurai voulu n’avoir jamais embrassé l’Islam avant ce jour. »[15] Usâma a tiré les fruits de ce sévère conseil à l’époque où l’assassinat de ‘Uthmân (t)a engendré des troubles. Cela a laissé en lui l’appréhension d’avoir la main complice dans le sang versé des musulmans. E-Dhahabi a souligné à ce sujet : « Usâma a profité des réprimandes du Prophète (r) le jour où ce dernier lui a dit : « que fais-tu Usâma de : il n’y a d’autre dieu en dehors d’Allah ! » Il ne s’est pas sali les mains et est resté cloîtré chez lui, ce qui est une bonne initiative. »[16]

 

 

Ibn Taïmiya fait très pertinemment remarquer : « Le croyant et son frère sont comme les deux mains qu’il faut frotter pour laver : la saleté ne peut s’enlever si ce n’est en faisant preuve d’un peu de rigueur. L’intention toutefois de les nettoyer et de les rendre douces justifie tout à fait cette rigidité. »[17]

 

 

À suivre…

 

 

Par : Karim ZENTICI

 


 

[1]Le bétail ; 68

 

[2]Les femmes ; 140

 

[3]Rapporté par e-Tirmidhî (2656) dans kitâb el ‘Ilm, selon Ka’b ibn Mâlik ; ce Hadith est considéré bon.

 

[4]Rapporté par ibn Mâja (254), ibn Hibbân (77), el Hâkim (1/86), qui l’a authentifié ; e-Dhahabî a approuvé son jugement. Ce hadith est authentique. Il a également été recensé par ibn ‘Adî, selon Abû Huraïra (t) et avec le même énoncé, à la différence où le Prophète (r) a ajouté : « …mais étudiez-la pour le Visage d’Allah et la Demeure éternelle. »

 

[5] Voir : Mawqif ahl e-sunna wa el jamâ’a min ahl el ahwâ wa el bida’ de Sheïkh Ibrahim e-Rahaïlî.

 

[6]Rapporté par el Bukhârî (4210) et Muslim (2406).

 

[7]Ta-Ha ; 43-44

 

[8]El Ahqâf ; 35

 

[9]Les abeilles ; 125

 

[10]Rapporté par Muslim (2594).

 

[11]L’araignée ; 46

 

[12]Les appartements ; 9

 

[13]El A’râf ; 150

 

[14]Rapporté par el Bukhârî (6106) et Muslim (465).

 

[15]Rapporté par el Bukhârî (3269) et Muslim (96).

 

[16]E-Saïr (2/500-501).

 

[17]Majmû’ el fatâwâ (28/ 53-54). Voir pour ce passage : Madârik e-nadhar fi e-siyâsa e-shar’iya de Sheïkh ‘Abd el Mâlik Ramadhânî.

LES FORUMS DE DISCUSSION (1/2)

Remarque : il incombe à toute personne en quête de science, surtout aux prédicateurs, de distinguer entre l’hypocrisie (modâhana) dans les relations et l’habilité (modârat). L’habilité est en effet recommandée. Celle-ci est en relation avec la douceur et la précaution dans les relations. Dans Lisân el ‘Arab (14/355), il est précisé : « Être habile avec les autres consiste à être doux, d’avoir de bons rapports avec eux, et de les supporter afin de ne pas les faire fuir. » L’hypocrisie (l’adulation ou la flatterie) quant à elle, est condamnable. Celle-ci est liée à la religion. Allah le Très-Haut a révélé : (Ils aimeraient que tu leur fasses des concessions pour en faire).[1] El Hasan el Basrî a dit en commentaire à ce Verset : « Ils aimeraient que tu sois transigeant (ou accommodant) dans ta religion afin qu’ils le soient en retour dans la leur… »[2]

 

Ainsi, la personne diplomate est souple dans ses relations avec les autres sans ne faire pour autant aucune concession dans sa religion. Tandis que l’hypocrite ou le mauvais complaisant cherche à gagner la faveur des gens au prix de sacrifier certains principes. Le Prophète (r) était le mieux éduqué des hommes et le plus compatissant envers sa communauté. Cet aspect représente le côté doux et compréhensif de sa personnalité. À l’inverse, il était résolu et implacable dans les affaires de la religion. Il ne faisait aucune concession à qui que ce soit. Cet aspect représente son attachement résolu à la religion, contrairement à l’hypocrite. Les personnes en quête de science doivent bien tenir compte de cette différence. Certains gens s’imaginent en effet que la gentillesse et la souplesse dans les relations avec autrui sont une preuve de faiblesse et un manque de rigueur ou de négligence (tamyî’) ; au moment où d’autres s’envisagent que le bon comportement envers les gens consiste à approuver leur mauvais chemin ou à fermer l’œil sur leurs erreurs. Ces deux extrêmes ont tort et sont aussi loin de la vérité l’un l’autre. Il faut donc faire attention à ce point, qui est dangereux et glissant. La plupart des gens ne sont pas épargnés de se tromper dans ce domaine, à l’exception de ceux qu’Allah a bien voulu guider et faire parvenir à la réussite.[3]

 

Au sujet du tamyî’ : Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a dit : « Il est complètement erroné de prétendre que les innovateurs adhèrent à la tendance des anciens. Cela est inconcevable sauf dans la situation où l’ignorance prend le pas sur la science qui se fait rare. »[4] À notre époque, certains assument qu’ils adhèrent à la tendance des anciens alors qu’il n’en est rien. Certains s’aventurent même à donner aux mouvementshisbistes contemporains, dont certains adhèrent à la pensée kharijite, le nom de mouvement salafî. Ils assument que la salafiya est le tronc commun entre ses mouvements. Tel est le résultat lorsque l’ignorance prend le pas sur la science qui se fait rare comme l’a judicieusement fait remarquer Sheïkh el Islam ibn Taïmiya. L’autre raison consiste à dire qu’ils veulent simplement diluer, noyer, dissoudre, faire fondre (tamyî’) la da’wa Salafiya fondée sur le Coran et la Sunna conformément à la compréhension des Pieux Prédécesseurs. Le but c’est de faire entrer certaines tendances égarées dans le cercle des traditionalistes.[5]

 

La définition du tamyî’ : si ce terme accepte de se faire définir, c’est donc : de faire entrer certaines tendances égarées dans le cercle des traditionalistes. Comme le dit Sheïkh Rabî’, le mot tamyî’ n’est pas un terme technique dans le sens propre du terme, c’est plutôt un comportement, une caractéristique. Depuis l’apparition des hérésies, aucune secte dont les mumayyi’ûn seraient les partisans, ne porte ce nom, même s’il est vrai, qu’à travers les époques, les sectes quelque peu laxistes comme les murjites (si on considère ce terme comme un terme générique), ont toujours œuvré pour amenuiser le rigorisme à leurs yeux de la tendance traditionaliste. Les traditionalistes en effet se caractérisent pour dénoncer et lutter contre toute forme d’hérésie. La meilleure façon pour les conspirateurs innovateurs d’échapper à leur jugement, c’est de se les concilier, d’où l’un des sens du terme tamyî’. Mais c’est peine perdue d’avance...

 

Si tous ces points sont clairs, voici des exemples où les anciens refusaient et préconisaient de ne pas faire de polémique avec les « gens des passions ».

 

• Selon Nâfi’, le captif d’ibn ‘Omar : « Subaïgh l’Iraquien s’interrogerait sur certaines choses du Coran au milieu des troupes musulmanes. Quand il s’est rendu en Égypte, ‘Amr ibn el ‘Âs le fit envoyer à ‘Omar ibn el Khattâb. Quand le messager lui remit la lettre, ‘Omar la lut et demanda après cet homme.

-          Il est en route, répondit le messager.

-          Fais attention à ne pas le laisser partir, s’écria ‘Omar, sinon tu risques de recevoir de ma part une punition douloureuse.

 

Après l’avoir ramené, ‘Omar interpella l’intéressé : « Tu es en quête de nouveautés ? »Il se fit apporter sur-le-champ des tiges de palmiers fraîches pour le frapper à tel point qu’il lui laissa des marques sur le dos. Ensuite, il le laissa se rétablir pour le corriger à nouveau. Quand il se rétablit après sa deuxième correction, il le convoqua pour le corriger une troisième fois, mais Subaïgh l’en empêcha en s’exclamant : « Si tu veux me tuer alors, fais-le proprement, mais si tu veux me soigner, sache par Allah ! Que c’est déjà fait. » Dès lors, il le laissa retourner sur ses terres. Il écrivit à Abû Mûsa el Ash’arî de ne laisser personne s’assoir avec cet homme ; cela fut pour lui d’autant plus pénible. »[6] Sheïkh el Islam ibn Taïmiya précise que le deuxième Khalife leva cette mise en quarantaine quand il apprit que l’intéressé s’était repenti de ses maux. Cette punition lui servit plus tard quand les Kharjites vinrent frapper à sa porte. Il leur fit savoir que le sermon du serviteur vertueux (‘Omar) fit ses effets.[7]

 

• Ibn ‘Abbâs a dit (t) : « Ne vous asseyez pas avec les gens des passions, car leur présence affecte les cœurs. »[8]

 

• Lorsqu’on interrogea ibn ‘Omar sur les Qadarites, ce dernier répondit : « Si vous rencontrez ces gens-là, alors dites-leur que je n’ai aucun lien avec eux et qu’ils n’ont aucun lien avec moi. »[9]

 

 Ma’mar affirme : « Ibn Tâwûs était assis chez lui lorsqu’un individu parmi les mou’tazilites est entré. Il voulut parler, mais ibn Tâwûs se mit les doigts dans les oreilles et dit à son fils : « Mon fils ! Mets les doigts dans tes oreilles et tiens-les fort pour ne pas entendre ses paroles. » »[10]

 

 Selon Ismâ’îl ibn Khârija, deux individus parmi les « gens des passions » sont entrés chez ibn Sirîn pour lui dire : « Hé Abû Bakr ! Laisse-nous te raconter un hadith ?

-          Non ! Répondit-il.

-          Nous pouvons alors te réciter un Verset du Livre d’Allah ?

-          Non ! Insista-t-il, sortez d’ici ou s’est moi qui sors !

-          Abû Bakr ! Lui a fait remarquer l’une des personnes présentes, quel mal y avait-il si tu avais écouté juste un Verset ?

-          J’ai craint, répondit-il, qu’ils me fassent entendre un Verset déformé qui risquerait de s’ancrer dans mon cœur. »[11]

 

 Sâlim prétend qu’un homme parmi les « gens des passions » a demandé à Ayyûb : « Je peux te questionner sur un mot ?

-          Ayyûb s’est alors détourné en s’écriant : non ! Pas même sur la moitié d’un mot, pas même sur la moitié d’un mot à deux reprises en faisant un signe du doigt.  »[12]

 

 D’après e-Dârimî et ibn Batta, el Hasan disait : « Ne vous asseyez pas avec les gens des passions, n’entamez aucune polémique avec eux, et n’écoutez pas leurs paroles. »

 

• D’après el Âjurrî et e-Lâlakâî, toujours selon el Hasan : « Quelqu’un s’est présenté à lui pour lui dire :

-               Hé Abû Sa’îd ! Je voudrais entamer une polémique avec toi.

-               Éloigne-toi de moi ! Lui a-t-il sévèrement répondu, moi je connais ma religion. Fais plutôt une polémique avec quelqu’un qui doute sur sa religion. »

 

 D’après ‘Abd Allah le fils de l’Imam Ahmed, Abû Qilâba a dit : « Ne vous asseyez pas avec les gens des passions, et ne faites pas de polémiques avec eux car ils risquent de vous faire sombrer dans leur égarement et de troubler vos connaissances. »[13]

 

 Hanbal ibn Ishâq a dit, j’ai entendu dire Abû ‘Abd Allah : « Les innovateurs, il ne convient à personne de s’asseoir avec eux, de les fréquenter, ou de se familiariser avec eux. »[14]

 

 L’Imam Ahmed a dit également : « Nous avions l’habitude d’entendre de la part des gens de sciences que nous avons rencontrés, qu’ils arboraient que l’on puisse parler ou s’asseoir avec les gens égarés. »[15]

 

 Sâlih ibn Ahmed raconte : « El Huzâmî est venu voir mon père après avoir visité ibn Abî Duwâd. Quand mon père ouvrit la porte et le vit devant lui, il rentra et lui ferma la porte au nez. »[16]

 

Conclusion : le musulman scrupuleux ne doit pas mettre en péril la chose la plus précieuse qu’il détient : sa religion. Il doit éviter de participer aux forums de discussions qu’offre généreusement le net, au risque de devenir une proie facile aux prédateurs de toute confession et de tout horizon. Combien se sont-ils fait prendre dans la toile des takfiristes, dont le discours est mielleux, et, en apparence, cohérent ! Le loup s’attaque principalement au mouton égaré ou éloigné du troupeau.

Selon Abû Huraïra, le Messager d’Allah (r) a prédit : « À la fin des temps, il y a aura un peuple qui va mélanger la religion avec les choses de ce bas monde. Ils feront passer aux yeux des gens la peau de chèvre pour du poil doux. Leur langue sera plus mielleuse que le sucre, mais ils auront des cœurs de loups. Allah (U)révèle : « Osez-vous mentir sur Moi ? Osez-vous vous ériger contre Moi ? Par Moi ! Je jure que Je vais envoyer une épreuve à ces gens-là ébahissant le plus posé d’entre eux. » »[17] L’individu est d’autant plus exposé au péril lorsque son bagage scientifique est léger. Dans une conférence, Sheïkh Sâlih Âl Sheïkh explique que l’ignorant est susceptible de passer constamment d’une tendance à l’autre, s’il se met à l’affût des arguments des uns et des autres sans en pénétrer les subtilités. Accablé par le doute perpétuel, Il cherche éperdument sa voie derrière celui qui soulagera sa peine, celui qui soulagera son doute, comme le soulignait déjà l’Imam Mâlik à son époque…

 

Wa Allah a’lam !

 

Gloire à Toi Ô Allah ! Et à Toi les louanges ! J’atteste qu’il n’y a d’autre dieu (digne d’être adoré) en dehors de Toi ! J’implore Ton pardon et me repens à Toi !

 

 


 

[1]La plume ; 9

 

[2]Tafsîr el Baghawî (377/4).

 

[3]Voir : Nasîha li e-shabâb de Sheïkh Ibrahim e-Ruhaïlî.

 

[4]dans Majmû’ el fatâwâ (156/4).

 

[5]Voir : Kun Salafiyan ‘ala el Jadda Sheïkh ‘Abd e-Salâm e-Suhaïmî.

 

[6]Rapporté par e-Dârimî (I/55-56).

 

[7]Voir Majmû’ el fatâwa (4/3-4).

 

[8]El Ibâna d’ibn Batta (438/2).

 

[9]Rapporté par Muslim (8).

 

[10]Idem. (452/2)

 

[11]E-Dârimî (120/1 n° 397).

 

[12]El Ibâna d’ibn Batta (447/2).

 

[13]Idem. (435/2).

 

[14]Idem. (444/2).

 

[15]El Ibana d’ibn Batta (472/2).

 

[16]Manâqib Ahmed d’ibn el Jawzî (p. 250).

 

[17]Rapporté par e-Tirmidhî (2404) et el Baghawi dans Sharh e-Sunna (14/394).

LES FORUMS DE DISCUSSION (2/2)

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