top of page

Voir : Izhâr el Haq de Rahmatu Allah el Kaïrânawî, résumé par Mohammed Mulkâwî.

 

 Voici tout d’abord quelques notions élémentaires :

 

1- Les livres de l’Ancien Testament mentionnent de façon unanime qu’Allah est Seul et Unique ; Il n’a ni femme ni enfant, Il est Vivant et ne meurt pas, Il est Capable de toute chose et rien ne Lui est semblable au niveau de Son Être et de Ses Attributs. Ces notions y sont si notoires et si abondantes qu’il n’est pas nécessaire de citer les Textes correspondants.

 

2- La Thora interdit dans divers passages d’adorer un autre que Dieu.[1] Elle ordonne même de tuer quiconque prêche d’adorer une divinité en dehors d’Allah, quant bien même ce prêcheur serait un prophète auteur de miracles grandioses. Elle ordonne notamment de lapider quiconque vénère un autre que le Très-Haut ou encourage à le faire ; peu importe que l’auteur de ce crime soit un homme ou une femme ou que la personne à qui il encourage de le faire soit un proche ou un ami.

 

3- Certains passages de la Thora formule qu’Allah est « pur » de toute ressemblance avec quoi que ce soit de Sa création. Elle dit notamment : «  Et le SEIGNEUR vous a parlé du milieu du feu : une voix parlait et vous l’entendiez, mais vous n’aperceviez aucune forme, il n’y avait rien d’autre que la voix…Prenez bien garde à vous-mêmes : vous n’avez vu aucune forme le jour où le SEIGNEUR vous a parlé à l’Horeb, du milieu du feu. N’allez pas vous corrompre en vous fabriquant une idole, une forme quelconque de divinité, l’image d’un homme ou d’une femme, etc. »[2] Certains passages du Nouveau Testament soulignent également qu’il n’est pas possible de voir Dieu sur terre, en voici un passage : « Personne n’a jamais vu Dieu. »[3] Dans un autre passage, il est précisé : « que nul homme n’a vu ni ne peut voir. »[4] Un troisième passage nous apprend : « Dieu nul ne l’a jamais contemplé. »[5]

 

Ainsi, rien ne ressemble à Allah et personne ne peut le voir sur terre ; toute entité que l’œil peut discerner ne peut en aucun cas être un dieu, bien qu’elle puisse être désignée par « Dieu » ou « Seigneur » dans les paroles d’Allah, des prophètes ou des apôtres. Il n’est pas pertinent en effet de se fier à des passages qui vont à l’encontre de la raison au dépend d’autres passages conformes à la raison. Par ailleurs, de nombreux passages de la Bible utilisent le terme « dieu » pour désigner l’ange, Moïse, les juges des tribus d’Israël ou l’homme parfait. Il est même employé pour le commun des hommes ou encore pour Satan le maudit. Néanmoins, dans les différents cas où il ne désigne pas Allah, il prend le sens particulier à la personne qu’il désigne et au contexte de sorte qu’aucune confusion ne soit possible dès le premier abord. Il n’est pas pertinent de s’inspirer de certains passages où un homme est qualifié de « dieu » ou de « fils de Dieu » et de délaisser tant les preuves rationnelles que textuelles démontrant qu’ils prennent un sens particulier.

 

4- Aucun prophète et aucune révélation céleste n’a fait mention du dogme de la Trinité. Aucun texte de la Thora actuelle ne l’évoque ne serait-ce que par allusion. Les savants juifs depuis l’époque de Moïse (u) jusqu’à nos jours ne reconnaissent pas la Trinité et ils n’admettent pas qu’elle soit imputée à leurs livres. Si la Trinité avait une origine, il aurait incombé à Mûsâ et à tous les autres prophètes des tribus d’Israël dont ‘Îsâ fait partie, de l’édifier clairement. Les prophètes avaient pour mission de mettre toutes les lois de la Thora en pratique. Or, selon les chrétiens, la croyance en la Trinité est le seul secours pour les hommes. Comment expliquer alors qu’aucun prophète n’en a fait l’axe de sa mission, au moment où il expose des vérités bien moins importantes ? Il prend la peine d’enseigner certaines lois à plusieurs reprises afin de mieux les ancrer dans les consciences et de confirmer de façon éloquente qu’il faut les mettre en pratique. Certaines lois sont passibles, pour celui qui les délaisse, de la peine de mort. Comment Jésus (u) qui clôt pourtant la prophétie juive, et qui est l’une des trois hypostases pour les chrétiens, est-il monté au ciel sans avoir auparavant expliqué ce dogme de façon claire et de mettre d’emblé un terme à toute interprétation erronée ? Il aurait pu dire par exemple que Dieu est composé de trois hypostases : le Père, le Fils, et le Saint Esprit. Sans oublier de préciser que le Fils a tel lien avec le Père ou encore qu’il n’est pas possible de comprendre cette relation, etc.

 

En vérité, les chrétiens ne détiennent aucune preuve en faveur de leur dogme. Ils se contentent de donner les interprétations les plus invraisemblables aux textes les plus formels. L’auteur de Mîzân el Haq, le prêtre D. Fandar pose la question suivante dans un autre ouvrage intitulé Miftâh el Asrâr : « Pourquoi le Christ n’a-t-il pas enseigné aux hommes de façon explicite la question de sa divinité ? Pourquoi n’a-t-il pas déclaré clairement en deux mots : « C’est moi Dieu » ? » Question à laquelle il répond lui-même en ces termes : « Personne n’était en mesure de comprendre cette union et cette unité avant qu’il ne reviennent du monde des morts et de monter au ciel. S’il avait dit : « C’est moi Dieu », les hommes auraient compris qu’il était de sa personne humaine alors que c’est complètement faux. Il y a beaucoup de choses à propos desquelles il informa ses disciples : « J’ai encore bien des choses à vous dire mais vous ne pouvez les porter maintenant »[6] C’est pourquoi, les prêtres juifs ont maintes fois cherché à s’emparer de lui et à le lapider. Il a donc évoqué sa divinité uniquement par énigme lorsqu’il se trouvait au milieu d’eux. »

 

En réfutation aux paroles du Docteur Fandar, nous pouvons dire premièrement : la teneur de sa réponse est très faible. Il prétend en effet qu’il n’était possible pour personne d’appréhender la Trinité dans son essence et la divinité du Christ, du temps où il était sur terre. Il aurait très bien pu dire cependant aux apôtres et aux juifs que la relation d’union entre son corps et la deuxième hypostase est une notion qui sort de leur entendement. Il leur suffit simplement d’être convaincu qu’il est un dieu sans chercher à aller plus loin ; il n’est pas dieu par son corps mais par la relation d’union que leur entendement n’est pas en mesure d’appréhender. Le plus étonnant, c’est que ce mystère se prolongea également après que le Messie soit monté au ciel. Aujourd’hui encore, aucun savant chrétien n’est en mesure d’expliquer cette relation. Dans leurs écrits, les aveux dans ce sens abondent. Il suffit pour s’en rendre compte d’ouvrir l’Encyclopédie du Livre Saint en sachant que plus de vingt théologiens ont participé à son élaboration. Une confusion flagrante y règne pour simplement définir le terme de la « Trinité ».

 

Nous disons deuxièmement : pourquoi Jésus aurait-il peur d’avouer sa divinité aux juifs si ce n’est par énigme ? Pourtant, n’est-il pas selon vous, le rédempteur venu aux hommes pour racheter leurs péchés à travers la Crucifixion ! Ne savait-il pas que les juifs allaient le poser sur la croix ! Comment dès lors, aurait-il peur d’expliquer devant eux le dogme fondamental qui seul est à même de sauver l’humanité ? Comment le Dieu Créateur de la terre et des cieux, aurait-Il peur dans Son infini Grandeur de l’un des peuples les plus vils de la terre ? Pourtant, certains prophètes juifs furent soit assassinés soit persécutés par leur peuple, mais cela ne les a pas empêchés de propager la vérité sans la moindre craindre !

Le Christ lui-même fut très sévère envers les scribes et les Pharisiens qu’il traita d’hypocrites, de guides aveugles, d’ignorants, de serpents et de vipères. Il a dévoilé tous leurs agissements en public à tel point que certains légistes lui ont fait remarquer que ces insultes les concernaient également.[7] Comment peut-on imaginez après les avoir dénoncés aussi violement que le Christ éprouvait de la crainte envers les juifs à tel point qu’il s’est abstenu de leur exposer  le dogme fondamental à l’origine de leur rédemption ? Comment peut-on se faire à l’encontre d’un homme aussi noble, une image aussi vile ?

 

 La raison réfute la Trinité :

 

Les chrétiens sont convaincus à la fois que la Trinité est effective et que l’Unicité est effective. Pourtant, la Trinité implique forcément la présence d’un nombre supérieur à un. Plusieurs éléments effectifs ne peuvent correspondre à un seul élément effectif. Les opposés ne peuvent en aucun cas se réunir. L’Être Suprême ne peut correspondre à plusieurs être à la fois. Les adeptes de la Trinité ne peuvent par conséquent se revendiquer monothéistes car une entité unique effective ne peut à la fois être le tiers d’une autre entité unique qui serait composé par l’ensemble de trois entités différentes. Quant au chiffre trois, il est possible de le diviser en trois parties qui correspond chacune à une seule entité et dont le tout correspond effectivement à trois. L’un de ses éléments concrets fait partie intégrante de cette trinité. Si on rassemble l’unité et la trinité dans un même réceptacle, cela implique que la partie soit le tout et que le tout soit la partie. Cela implique également que l’unité soit le tiers d’elle-même, ce qui correspond à trois exemplaires du chiffre trois ; et que le chiffre trois soit le tiers de cette unité, ce qui correspond à trois exemplaires d’elle-même. L’esprit le plus élémentaire réfute d’emblé toutes ses implications à la fois.

 

Ainsi, il est impossible d’affilier la Trinité effective au Très-Haut. C’est pourquoi, si l’on trouve un texte chrétien qui en apparence est un argument en faveur de la Trinité, il faut absolument l’interpréter de façon à le faire correspondre à la fois aux autres textes et à la raison étant donné que tant les textes que la raison témoignent qu’il est impossible d’affilier la Trinité à Dieu.

George Sal (ou Seal) a traduit en anglais le Coran paru en 1836 de l’ère chrétienne et à l’intérieur duquel il offre certaines recommandations à ses coreligionnaires, dont notamment : « N’apprenez pas aux musulmans les questions qui vont à l’encontre de la raison car ils ne sont pas des idiots afin que vous puissiez l’emporter sur eux, comme la question de vouer le culte à une image ou le « ‘Ashâ e-Rabbânî ». Bon nombre de ses questions leur sont en effet familières. Toute église où ses choses sont présentes ne peut en tout état de cause les attirer. »

Un tel aveu de la part d’un prêtre démontre que sa religion est basée sur des principes contraires à la raison. En vérité, les adeptes d’une telle religion sont de vrais païens. Les savants musulmans affirment qu’il n’existe pas de confession plus puérile et de plus éloigné de la raison que celle de la religion chrétienne, comme il n’existe pas un dogme plus erroné et plus facilement réfutable que le dogme chrétien.

 

Traduit pour Islam.house par :

Karim ZENTICI

 

 


 

[1] Voir à titre d’exemple : L’Exode ; 20.3, 4, 5, 23 et 34. 14 et 17, Deutéronome ; 13.1-11et 17.2-7.  

 

[2] Deutéronome ; 4.12 et15-18.

 

[3] Jean ; 1.18

 

[4] Premier Épitre à Timothée ; 6.16

 

[5] Premier Épitre de Jean ; 4.12

 

[6] Jean ; 16.12

 

[7] Voir : Mathieu ; 23.13-37 et Luc ; 11.37-53.

LA TRINITÉ (1/4)

LA TRINITÉ (2/4)

Voir : Izhâr el Haq de Rahmat Allah el Kaïrânawî, résumé par Mohammed Mulkâwî.

 

Jésus lui-même réfute la trinité, comme le démontrent plusieurs passages de la Bible dont notamment :

 

Premièrement : l’évangile de Jean mentionne que Jésus s’adressa à Dieu en ces termes : « Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé Jésus Christ. »[1] Jésus nous apprend ici que la vie éternelle s’obtient grâce à la foi en l’unicité d’Allah et à la mission de Son messager Jésus. Il n’est pas question dans ce verset de la trinité ni des trois hypostases ou encore que le dieu Jésus serait le fils de Dieu. Il n’est pas possible de dire ici qu’il cacha la vérité car il avait peur des juifs, étant donné qu’il s’adressait à Dieu. Si croire en la trinité et à la divinité du Christ, avait pour vocation de sauver l’humanité, il n’aurait pas manqué d’en parler ici. La vie éternelle et le salut s’obtiennent cependant en étant convaincu de la vraie unicité de Dieu et que Jésus est Son envoyé. Le malheur éternel et la perdition réclament de croire le contraire étant donné que l’unicité s’oppose par essence à la Trinité et que la prophétie s’oppose à la divinité. Jésus ne peut à la fois être Dieu et le porteur de Son message aux hommes.

 

Deuxièmement : « Un scribe s’avança. Il les avait entendu discuter et voyait que Jésus leur avait bien répondu. Il lui demanda : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus répondit : « Le premier, c’est : Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ; tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Voici le second : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe lui dit : Très bien, maître, tu as dis vrai : il est l’unique et il n’y en pas d’autre que lui, et l’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, cela vaut mieux que tous les holocaustes et sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait répondu avec sagesse, lui dit : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger. »[2] Dans l’évangile de Mathieu, il est précisé : « De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes. »[3]

 

Ainsi, ce passage nous dévoile le premier commandement auquel s’attachent la Thora et les Livres des prophètes. Ce commandement, à l’origine du salut, consiste à croire qu’Allah est unique et qu’il n’y a pas d’autre dieu que Lui. Dans l’hypothèse où la Trinité et la divinité de Jésus avaient une origine, la Thora et les Livres des prophètes l’auraient évoquée. Jésus aurait certainement donné la réponse suivante au légiste : « Le premier commandement, c’est de croire que Dieu est unique et qu’il est composé de trois hypostases. Moi, je suis la deuxième hypostase et le fils de Dieu. » Étant donné que ni Jésus ni la Thora ni les Livres des prophètes ne font allusion à ce principe, il devient évident que le salut consiste à se soumettre à la vraie unicité de Dieu qui s’oppose par essence à la Trinité, au polythéisme, et à l’idée selon laquelle Il aurait enfanté. Les livres de l’Ancien Testament regorgent de passages qui établissent l’unicité du Très-Haut.[4]

 

Troisièmement : « Mais ce jour ou cette heure, nul ne les connaît, ni les anges du ciel, ni le fils, personne sinon le Père. »[5] Cette parole réfute catégoriquement la Trinité et la divinité du Christ qui remet l’Heure de la fin du monde à la seule connaissance d’Allah. Elle réfute l’idée qu’il puisse en percer le mystère, lui ou n’importe quelle autre créature. Il s’est ainsi mis au même niveau que le reste de la création dans ce domaine. S’il était vraiment un dieu, le moment où l’Heure sonnera ne pourrait échapper à son savoir, et il n’aurait jamais infirmé qu’il puisse en avoir connaissance.

 

Quatrièmement : « Vers trois heures, Jésus s’écria d’une voix forte : « Eli, Eli, lema sabaqthani », c’est-à-dire : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Certains de ceux qui étaient là disaient en l’entendant : « Le voila qu’il appelle Elie ! » Aussitôt l’un deux courut prendre une éponge qu’il imbiba de vinaigre ; et, la fixant au bout du roseau, il lui présenta à boire. Les autres dirent : « Attends ! Voyons si Elie va venir le sauver. » Mais Jésus criant de nouveau d’une voix forte, rendit l’âme. »[6] Dans l’évangile de Luc, il est précisé : « Jésus poussa un grand cri ; il dit : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit. » Et, sur ces mots, il expira. »[7]Voici les dernières paroles supposées du Messie relatées dans la Bible. Celles-ci remettent en question la divinité de Jésus. Un dieu ne peut en tout état de cause implorer le secours d’un autre dieu. On ne peut attribuer au vrai Dieu des caractères déficients propres à l’humain, tels que la faiblesse, la peine, la fatigue, le cri de détresse et de douleur, l’impuissance et la mort. Allah est le Vivant et le Saint. Le livre d’Esaïe nous apprend notamment : « Ne sais-tu pas, n’as-tu pas entendu ? Le SEIGNEUR est le Dieu de toujours, il crée les extrémités de la terre. Il ne faiblit pas, il ne se fatigue pas ».[8] Les passages du Nouveau et de l’Ancien Testament abondent dans ce sens.[9] Tous ces passages démontrent que le vrai Dieu est Eternel, Vivant, Saint ; Il ne peut mourir comme il ne peut y avoir d’autre dieu en dehors de Lui. Il ne peut être atteint par la faiblesse, la fatigue, l’impuissance. Une créature faible et mortelle peut-elle être une divinité ? Nul doute que le vrai Dieu est celui auquel Jésus se serait adressé –si l’on s’en tient à leur version des événements – à travers son cri de détresse.

Il convient ici d’attirer l’attention du lecteur concernant le verset suivant : « N’est-ce pas toi qui, dès l’origine, es le SEIGNEUR, mon Dieu, mon Saint ? Tu ne meurs (ou ne mourras) pas ? »[10] Quand les chrétiens se sont rendus compte qu’il n’était pas compatible avec leur dogme, ils l’ont transformé dans les nouvelles versions de la Bible, en disant : « N’est-ce pas toi qui, dès l’origine, es le SEIGNEUR, mon Dieu, mon Saint ? Nous ne mourrons pas ? »[11]

 

Cinquièmement : dans l’évangile de Jean, Jésus déclare à Marie de Magdala : « Pour toi, va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu. »[12] À travers cette parole, Jésus se met sur le même pied d’égalité que tous les autres membres de son espèce. Il précise en effet qu’Allah est Son Père et Leur Père, Son Dieu et Leur Dieu. Ils ne pourront pas ensuite mentir à son sujet en avançant qu’il serait le fils de Dieu. De la même façon que ses disciples ne sont pas réellement des enfants de Dieu, il en va de même pour lui, qui comme eux, est un simple serviteur. Le terme fils a ici un sens métaphorique (Majâzî), il n’offre aucunement à Jésus le statut de divinité. Sinon, il faudrait le donner également à ses disciples. Jésus aurait dit cette parole après avoir ressuscité du royaume des morts. Autrement dit, peu avant de monter au ciel. Cela signifie bien qu’il ne revendiquait pas la divinité jusqu’à ses derniers instants passés au milieu des hommes. On retrouve le même discours dans le Coran, lorsqu’il dit en s’adressant aux siens : (Allah est Mon Seigneur et Le vôtre, alors adorez-Le).[13] Il déclara dans un autre passage : (Adorez Allah Mon Seigneur et Le vôtre).[14] Ainsi, le dogme de la Trinité et la divinité de Jésus vont à l’encontre des dernières paroles prononcées par la personne concernée, comme pour dire adieu à ses apôtres, avant de monter au ciel. Il prêcha jusqu’à ses derniers instants sur terre, l’unicité d’Allah et l’obligation de lui vouer le culte. Il inculqua en outre qu’il n’est qu’un humble serviteur soumis à Son Seigneur.

 

Sixièmement : des passages innombrables des évangiles affirment explicitement que Jésus est un homme, un maître, un envoyé, un prophète qui reçoit la Révélation. L’évangile de Mathieu nous apprend par exemple : « Qui vous accueille m’accueille moi-même, et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. »[15] « Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » »[16] « Quand Jésus entra dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi : « Qui est-ce ? » disait-on ; et les foules répondaient : « C’est le prophète Jésus de Nazareth en Galilée. »[17] « Pour vous, ne vous faites pas appeler ‘’Maître’’, car vous n’avez qu’un seul Maître et vous êtes tous des frères. »[18] Dans l’évangile de Luc, il est dit : « Mais il leur dit : « Aux autres villes aussi il me faut annoncer la bonne nouvelle du Règne de Dieu, car c’est pour cela que j’ai été envoyé. »[19] Voici quelles furent les commentaires après que le Messie ait ressuscité un mort : « Tous furent saisis de crainte, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : « Un grand prophète s’est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple. »[20] « Qui vous écoute m’écoute, et qui vous repousse me repousse ; mais qui me repousse repousse celui qui m’a envoyé. »

 

D’après l’évangile de Jean, Jésus déclara : « Or je possède un témoignage qui est plus grand que celui de Jean : ce sont les œuvres que le Père m’a données à accomplir ; je les fais et ce sont elles qui portent à mon sujet témoignage que le Père m’a envoyé. Le Père qui m’a envoyé a lui-même porté témoignage à mon sujet. Mais jamais vous n’avez écouté sa voix ni vu ce qui le manifestait, et sa parole ne demeure pas en vous puisque vous ne croyez pas à celui qu’il a envoyé. »[21] Après qu’il ait accompli le miracle de nourrir une foule abondante, les réactions ne se sont pas fait attendre : « A la vue du signe qu’il venait d’opérer, les gens dirent : « Celui-ci est vraiment le Prophète, celui qui doit venir dans le monde. »[22] Dans un autre passage, il est dit : « Les Juifs en étaient surpris et ils disaient : « Comment est-il si savant, lui qui n’a pas étudié ? » Jésus leur répondit : « Mon enseignement ne vient pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il saura si cet enseignement vient de Dieu ou si je parle de moi-même. »[23]

 

« Je me rend témoignage à moi-même et le Père qui m’a envoyé me rend témoignage lui aussi… mais celui qui m’a envoyé est véridique, et ce que j’ai entendu auprès de lui, c’est cela que je déclare au monde… Celui qui m’a envoyé est avec moi… Or, vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité que j’ai entendu auprès de Dieu…Si Dieu était votre Père, vous m’auriez aimé, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; je ne suis pas venu de mon propre chef, c’est lui qui m’a envoyé. »[24] Après le miracle de l’aveugle, les gens interrogèrent ce dernier : «« Et alors, tes yeux, comment se sont-ils ouverts ? » Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, m’en a frotté les yeux… Alors, ils s’adressaient à nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de celui qui t’a ouvert les yeux ? » Il répondit : « C’est un prophète ? » »[25] « Vous m’appelez ‘’le Maître et le Seigneur’’ et vous dites bien car je le suis. »[26] « Or, cette Parole que vous entendez, elle n’est pas de moi mais du Père qui m’a envoyé. »[27]

 

Tous ces passages de la Bible décrivent Jésus comme un homme, un maître pour ses disciples, un prophète envoyé par Dieu. Cet homme reçoit effectivement la Révélation d’Allah. Il ne prononce que des paroles de vérité qu’il a entendues du Seigneur. Il est loyal et ne cache rien de la Révélation. Il l’enseigne à ses adeptes comme il l’a reçu du Très-Haut, aidé qu’il est de son Seigneur par des miracles en sa qualité d’être humain non qu’il soit un dieu ou le fils de Dieu. 

 

Septièmement : deux longs passages de la Bible décrivent les prières de Jésus avant son arrestation.[28] Ils montrent un homme affligé, triste, qui prie en s’humiliant à l’extrême devant Son Créateur. Un homme qui part ainsi à la mort ne peut prétendre à la divinité.

 

Traduit pour Islam.house par :

Karim ZENTICI

       

 


 

[1] Voir : Jean ; 17.3

 

[2] Marc ; 12.28-34

 

[3] Mathieu ; 22.34-40 Ce passage souligne que la question du légiste fut posée pour tendre un piège à Jésus. (N. du T.).

 

[4] Voir à titre d’exemple : Deutéronome ; 4.35-39, 6.4-5, et Esaïe ; 45.5-6, 46.9.

 

[5] Marc ; 13.32

 

[6] Mathieu ; 27.46-50

 

[7] Luc ; 23.46

 

[8] Esaïe ; 40.28

 

[9] Voir notamment : Esaïe ; 44.6, Jérémie ; 10.10, première épître de Paul à Timothée 1.17.

 

[10] Habaquq ; 1.12

 

[11] Habaquq ; 1.12

 

[12] Jean ; 20.17

 

[13] La famille de ‘Imrân ; 51 voir également : Mariam ; 37, et les ornements ; 64

 

[14] Le repas céleste ; 117

 

[15] Mathieu ; 10.40

 

[16] Mathieu ; 15.24

 

[17] Mathieu ; 21.11

 

[18] Mathieu ; 23.8

 

[19] Luc ; 4.43

 

[20] Luc ; 7.16

 

[21] Jean ; 5.36-37

 

[22] Jean ; 6.14

 

[23] Jean ; 7.15-17

 

[24] Jean ; 8.18, 26, 29, 40 et 42

 

[25] Jean ; 9.10, 11 et 17

 

[26] Jean ; 13.13

 

[27] Jean ; 14.24

 

[28] Voir : Mathieu ; 26.36-46 et Luc ; 22.39-46

LA TRINITÉ (3/4)

Voir : Izhâr el Haq de Rahmat Allah el Kaïrânawî, résumé par Mohammed Mulkâwî.

 

Réfutations aux arguments inspirés des preuves scripturaires chrétiennes

À l’origine de la divinité de Jésus

 

Pour appuyer le dogme de la divinité du Christ, les chrétiens s’inspirent sur un certain nombre de textes de la bible dont la plupart proviennent de l’évangile de Jean. Nous allons ici exposer ces arguments et les réfutations qui leur conviennent :

 

 Le premier argument : Jésus se fait appeler le Fils de Dieu dans les « Écritures Saintes ».

 

Il est possible de réfuter cet argument de deux façons :

 

Premièrement : le Fils de Dieu s’oppose à une autre appellation de Jésus dans la Bible qui le nomme le fils de l’homme[1] et le fils de David.[2] Par ailleurs, la bible propose l’arbre généalogique du Messie dont la chaîne héréditaire remonte à David, puis à Jacob fils d’Isaac, fils d’Abraham.[3] Par ailleurs, l’arbre généalogique de tous les prophètes ancêtres de Jésus remonte au premier homme Adam. En cela, il est le fils de l’homme. Il est clair que le fils de l’homme ne peut être qu’un homme non le Fils de Dieu.

 

Deuxièmement : le terme fils dans l’expression le « Fils de Dieu » n’est pas à prendre, dans ce contexte, au sens propre. Toutes les langues du monde s’accordent à dire qu’un fils est le fruit d’une union sexuelle, ce qui, le cas présent, ne convient pas. Il faut absolument lui donner un sens métaphorique (Majâzî) plus adéquat à la condition du Christ (u). Autrement dit, il a le sens d’homme vertueux et juste, comme en témoigne les paroles du centurion qui se tenait devant la dépouille (soi-disant) du Christ. Ce dernier s’exclama en effet : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu. »[4] La version de Luc précise : « Voyant ce qui s’était passé, le centurion rendait gloire à Dieu en disant : « Sûrement, cet homme était juste. »[5] L’évangile de Luc utilise  le terme « juste » à la place de « Fils de Dieu » préféré par l’évangile de Marc. Il ne s’agit pas ici de savoir si le texte en question fut falsifié pour donner plus de crédit au dogme de la Trinité, comme c’est malheureusement souvent le cas dans les évangiles. Dans l’hypothèse où les deux versions sont authentiques, elles indiquent que les deux expressions en question, prennent le même sens. Surtout s’il on sait que dans les deux versions le centurion décrit Jésus comme un homme.

 

Toujours est-il que l’expression « fils de Dieu » est employée dans le Nouveau Testament pour désigner d’autres vertueux que Jésus, de la même façon que le « fils de Satan » s’apparente à l’âme encline au mal. L’évangile de Mathieu nous apprend par exemple : « Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu… Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est au cieux. »[6] Ainsi Jésus utilise le terme fils pour désigner ceux qui font œuvre de paix, et qui se distinguent par les vertus dont les versets précédents font mention. De la même manière, Jésus utilise le nom de Père pour désigner la relation spéciale qui existe entre Dieu et ces mêmes gens.

 

L’évangile de Jean relate une longue conversation qui a eu lieu entre Jésus et les Juifs, et dont voici un passage : « « Mais vous, vous faites les œuvres de votre père. » Il lui répliquèrent : « Nous ne sommes pas nés de la prostitution ! Nous n’avons qu’un seul père Dieu ! » Si Dieu était votre père, vous m’auriez aimé… Votre père, c’est le diable, et vous avez la volonté de réaliser les désirs de votre père…parce qu’il est menteur et père du mensonge. »[7] Les Juifs prétendaient être les fils de Dieu, c’est-à-dire des adorateurs vertueux, mais le Christ (u)  a démenti leur prétention en disant qu’ils étaient des menteurs et qu’ils obéissaient à Satan. Dans ce sens, ils sont ses enfants, lui le menteur et le père des menteurs. Il va sans dire qu’Allah et Satan ne sont pas leurs pères au sens propre ; il est donc nécessaire de déchiffrer ces versets par le biais de la métaphore.

 

De nombreux passages de la Bible vont nécessairement dans ce sens. Le premier épître de Jean dit par exemple : « Qui commet le péché est du diable, parce que depuis l’origine le diable est pêcheur. Voici pourquoi a paru le Fils de Dieu : pour détruire les œuvres du diable. Quiconque est né de Dieu ne commet plus le péché, car sa semence demeure en lui ; et il ne peut plus péché, parce qu’il est né de Dieu. A ceci se révèlent les enfants de Dieu et les enfants du diable : quiconque ne pratique pas la justice n’est pas de Dieu, ni celui qui n’aime pas son frère. »[8] Il dit un peu plus loin : « et quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. »[9] Ou encore : « Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu ; et quiconque aime Dieu, qui engendre, aime aussi celui qui est né de Dieu. A ceci nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu, si nous aimons Dieu et mettons en pratique ses commandements. »[10]

 

L’épître de Paul aux romains nous apprend quant à lui : « En effet, ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu : vous n’avez pas reçu un esprit qui vous rende esclaves et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions : Abba, Père. Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers : héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, puisque, ayant part à ses souffrances, nous aurons part aussi à sa gloire. »[11] Dans l’épître aux philippiens, il est dit : « Agissez en tout sans murmures ni réticences, afin d’être sans reproche et sans compromission, enfants de Dieu sans tâche au milieu d’une génération dévoyée et pervertie. »[12]

 

Il va sans dire que toutes les personnes évoquées dans les passages précédents ne sont pas les enfants de Dieu au sens littéral du terme. Il est donc nécessaire d’avoir recours à la métaphore afin de donner à cette expression un sens cohérent. Des passages innombrables du Nouveau et de l’Ancien Testament s’attachent aux termes fils et père pour parler de la relation entre Dieu et Ses serviteurs. Adam est le fils de Dieu[13] ; Israël est le fils aîné (premier né) de Dieu[14] ; Dieu est le père de David, son aîné[15] ; Dieu est un père pour Israël et Ephraïm est son fils aîné[16] ; Dieu est un père pour Salomon qui est pour lui un fils.[17] Si Jésus fut érigé en divinité sous prétexte qu’il est le fils de Dieu, il faudrait dire la même chose pour Adam, Israël, Ephraïm, David, et Salomon. D’autant plus que trois d’entre eux sont désignés dans la bible comme un fils aîné.

 

En outre, tous les enfants d’Israël sont les fils de Dieu dans la Bible, comme en témoignent certains passages. [18] Dans d’autres passages, ils le prennent pour Père.[19] D’après la Genèse, les propres fils d’Adam sont les fils de Dieu.[20] Le Livre de Job assume que tous les fils de Dieu crièrent hourra.[21]Pour les Psaumes, il est le Père des orphelins et le justicier des veuves.[22] Tous ces passages de la Bible sont à prendre au sens métaphorique. Aucun adepte des « Saintes Écritures » n’est en mesure d’assumer qu’il faille les comprendre au sens propre. Ainsi, de la même façon qu’il est interdit de donner la divinité à Adam, ses fils, Jacob, Ephraïm, David, et Salomon, tous les enfants d’Israël, et tous les orphelins, il est évidemment interdit de croire en la divinité du Messie sous prétexte que certains textes lui attribuent une parenté –non au sens littéral du terme – à Dieu.

 

Traduit pour Islam.house par :

Karim ZENTICI

 


 

[1] Voir à titre d’exemple : Mathieu ; 8.20, 9.6, 16.13 et 29, 17.9, 12, et 22, 18.11, 19.28, 20.18 et 28, 24.27, 26.24, 45, et 64.

 

[2] Voir à titre d’exemple : Mathieu ; 9.27, 12.23, 15.22, 20.30 et 31, 21.9 et 10, 22.42 ; Marc ; 10.47 et 48 ;Luc ; 18.38 et 39.

 

[3] Voir : Mathieu ; 1.1-17 et Luc ; 3.23-34.

 

[4] Marc ; 15.39

 

[5] Luc ; 23.47

 

[6] Mathieu ; 5.9, 44, et 45

 

[7] Jean ; 8.41, 42, et 44

 

[8] Premier épître de Jean ; 3.8-10

 

[9] Premier épître de Jean ; 4.7

 

[10] Premier épître de Jean ; 5.1-2

 

[11] Épître aux Romains ; ­8.14-17

 

[12] Épître aux Philippiens ; 2.14-15

 

[13] Luc ; 3.38

 

[14] L’exode ; 4.22

 

[15] Les Psaumes ; 89.27-28

 

[16] Jérémie ; 31.9

 

[17] Deuxième livre de Samuel ; 7.14

 

[18] Voir : Deutéronome ; 14.1 et 19.32, Esaïe ; 1.2, 30.1, et 63.8

 

[19] Voir : Esaïe ; 63.16 et 64.7

 

[20] La genèse ; 6.2, 4

 

[21] Job ; 38.7

 

[22] Les Psaumes ; 68.6

 

LA TRINITÉ (4/4)

Voir : Izhâr el Haq de Rahmat Allah el Kaïrânawî, résumé par Mohammed Mulkâwî.

 

Réfutations aux arguments inspirés des preuves scripturaires chrétiennes

À l’origine de la divinité de Jésus

 

 

 Le deuxième argument des chrétiens : certains passages de la Bible assument que Jésus n’est pas de ce monde, mais d’en haut. Le Messie déclara par exemple aux Juifs : « Vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut ; vous êtes de ce monde, moi je ne suis pas de ce monde. »[1] Ils pensent ainsi que Jésus descendit du ciel et qu’il se trouvait près de Dieu son Père qui ne fait pas partie de ce monde. Or, non seulement cette interprétation est erronée mais elle est contraire à la réalité étant donné que Jésus faisait bien partie de ce monde. Il est possible ainsi de la réfuter de deux façons :

 

Premièrement : elle s’oppose tant aux preuves rationnelles qu’aux preuves textuelles explicites.

 

Deuxièmement : Jésus (u) décrit ses disciples de la même manière en disant : « Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait ; mais vous n’êtes pas du monde : c’est moi qui vous ai mis à part du monde et voilà pourquoi le monde vous hait. »[2] Il dit ailleurs : « Je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde »[3] Dans ses deux passages, Jésus compare la situation de ses disciples à la sienne. Il assume en effet que, tout comme lui, ils ne sont pas de ce monde. Dans l’hypothèse où cette caractéristique offrait la divinité à Jésus, elle devrait l’offrir également à ses apôtres. Étant donné que les chrétiens ne reconnaissent pas cette particularité aux apôtres, il en découle en toute logique, que l’interprétation qu’ils en font au sujet du Christ s’écroule d’elle-même.

La seule interprétation possible de ces versets consiste à dire que Jésus et ses disciples ne sont pas attirés par les richesses de ce bas monde, mais qu’ils aspirent uniquement à l’au-delà et à l’agrément de leur Seigneur. Cette métaphore est très usitée dans les différentes langues. Il est dit par exemple que les dévots et les gens pieux ne sont pas de ce monde.

 

 Le troisième argument des chrétiens : certains textes affirment que Jésus et le Père ne font qu’un, comme par exemple le verset suivant : « Moi et le Père nous sommes un. »[4]

 

Ce verset démontre à leurs yeux, que Jésus fusionne ou s’unifie avec le Père, et qu’il devient une divinité au même titre que lui. Or, cette interprétation est tout aussi fausse que la précédente et cela, pour deux raisons également :

 

Premièrement : les chrétiens s’accordent à dire avec nous que Jésus est une créature douée de la parole. En ce sens, il ne forme aucune unité avec le Seigneur. Ils allèguent en effet que Jésus s’est uni au Père en tant que divinité, non en tant qu’être humain. Etant donné que le Messie désigne à la fois l’entité divine et l’entité humaine, leur interprétation perd tout son sens.

 

Deuxièmement : cette même description fut faite en l’honneur des apôtres comme en témoigne les prières de Jésus disant : « que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. »[5] Ainsi ces passages expriment que les apôtres s’unifièrent entre eux et avec Jésus qui met sur le même pied d’égalité leur union et celle qui s’avère entre lui et le Père. Il est clair que cette union entre les apôtres n’est pas à prendre au sens propre ; de la même façon, il ne convient pas de prendre au sens propre l’union entre le Messie et le Seigneur. La seule interprétation possible de ses versets consiste à dire que l’union avec Dieu signifie Lui obéir à travers les œuvres pieuses. En cela, Jésus n’est pas différent des apôtres et des croyants en général si ce n’est au niveau de l’intensité de la foi. Nul doute que le Christ est beaucoup plus dévoué à son Seigneur et qu’il est beaucoup plus fervent dans son adoration que ses disciples. Il s’agit ici de s’unir au niveau de la volonté et de la situation. Ils sont un dans leur amour du Père et dans leur obéissance à ses commandements. Il serait ridicule de penser que les apôtres se soient unis physiquement ; il l’est autant de penser que la personne de Jésus s’est mélangée à Dieu.

 

 Le quatrième argument chrétien : certains passages affirment que voir Jésus revient à voir le Père étant donné qu’ils ne font qu’un. L’évangile de Jean nous apprend notamment : « Celui qui m’a vu a vu le Père. Pourquoi dis-tu : ‘’montre-nous le Père’’ ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ! Au contraire, c’est le Père, qui demeurant en moi, accomplit ses propres œuvres. »[6] Selon eux, Jésus mérite la divinité étant donné que le voir consiste à voir le Père et que le Père s’incarne en lui. Or, cet argument est tout aussi réfutable que les précédents, et cela pour deux raisons :

 

Premièrement : il n’est pas possible de voir Dieu ici-bas comme le reconnaissent les références bibliques. Par conséquent, il ne faut pas prendre au premier degré la vision dont il est question dans les paroles de Jésus. C’est pourquoi, ils interprètent cette vision par la connaissance, bien que cette interprétation ne résiste pas non plus à la critique. Connaître Jésus en effet en tant qu’être humain ne signifie pas qu’il s’unifie avec le Père. Le seul sens possible à ces versets consiste à dire qu’en voyant les œuvres du Messie, cela revient à voir les œuvres de Dieu étant donné qu’à travers celles-ci, Jésus ne fait que se soumettre à sa volonté et à ses ordres.

 

Deuxièmement : Jésus avance un peu plus loin qu’il demeure également en les personnes des apôtres : « En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père et que vous êtes en moi et moi en vous. »[7] Bien plus, comme nous l’avons vu, Jésus implore à Dieu que ses apôtres soient en eux (lui et Dieu), afin que tous soient un.[8] « Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du christ ?... Ne savez-vous pas que celui qui s’unit avec la prostituée fait avec elle un seul corps ? Car il est dit : les deux ne seront qu’une seule chaire. Mais celui qui s’unit au Seigneur est avec lui un seul esprit… Ou bien ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous et qui vous vient de Dieu, et que vous ne vous appartenez pas ? »[9] « Il y a un seul corps et un seul Esprit, de même que votre vocation vous a appelés à une seule espérance ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui règne sur tous, agit par tous, et demeure en tous. »[10]

 

Si tous ses passages faisaient allusion à l’incarnation et à l’union de Dieu avec le Christ, qui impliquerait la divinité du Christ, ils impliqueraient également la divinité de tous les apôtres, de tous les Corinthiens, et de tous les Éphésiens. La bonne interprétation consiste à dire que l’incarnation dont fait allusion ces différents textes, que ce soit venant de Dieu ou en Dieu, ou venant du Christ ou dans le Christ, signifie dans ce contexte se soumettre aux commandements soit de Dieu soit du Christ. Connaître le Christ et lui obéir revient à connaître Dieu et à lui obéir.

 

Cher lecteur ! Sache que nous sommes motivés en ramenant tous ces textes de la bible, par le souci de mettre ses adeptes au pied du mur, non qu’au même moment ils soient tous aussi authentiques les uns que les autres. Cela ne veut pas dire en effet que Jésus ou l’un des apôtres soit réellement l’auteur des paroles que nous lui imputons. Il faut savoir en effet qu’en l’absence de toute chaîne narrative concernant toutes les références bibliques en comptant parmi celles-ci les quatre évangiles, rien ne permet scientifiquement de prouver l’identité de leur vrai auteur. Quoi qu’il en soit, nous, musulmans, nous sommes convaincus que Jésus et les apôtres n’ont aucun lien avec les croyances païennes dont regorge la Bible. Nous attestons qu’il n’y de Dieu en dehors d’Allah qui est Seul et sans associé, que Mohammed est Son serviteur et Son Messager, que Jésus est Son serviteur et Son Messager, et que les Apôtres sont les messagers du Christ…

 

Traduit pour Islam.house par :

Karim ZENTICI

 

           

 

 


 

[1] Jean ; 8.23

 

[2] Jean ; 15.19

 

[3] Jean ; 17.14 et 16

 

[4] Jean ; 10.30

 

[5] Jean ; 17.21-23

 

[6] Jean ; 14.9-10

 

[7] Jean ; 14.20

 

[8] Jean ; 17.21

 

[9] Premier épître aux Corinthiens ; 16.15-19

 

[10] Epître aux Ephésiens ; 4.6

 

©2015 Tous droits réservés.

  • Twitter App Icon
  • Facebook Social Icon
bottom of page